103/104 : Colloque 2003, etc. - Société des Amis d'Alfred Jarry

Actes
du colloque 2003
pédoncules rétractiles qui portent les yeux. Sauf que l'escargot en possède
quatre et non pas deux. D'ailleurs, deux points noirs bien visibles dans le
rond de la tête indiquent les yeux de la créature. « Cornes », sûrement pas ;
mais pourquoi pas les antennes d'un insecte?
— spiraloïde : le « corps » de l'animal (?) est tout entier occupé par une
gidouille de facture classique, à enroulement constant, qui lui confère une
appartenance ubique indiscutable (comme un sceau). Le trait blanc de la
queue se raccorde directement au contour extérieur de la gidouille qui n'a
rien à voir avec l'enroulement en expansion des coquilles de mollusques
spiralées.
— macroglosse : l'épithète fait allusion
au trait court et épais (relativement)
sortant de la bouche du bestiau, comme
un cigare de celle d'un fumeur. On
connaît la variété et les singularités du
bestiaire de Jarry : hiboux et chouettes,
caméléon, escarbot... «Macroglosse»
s'applique à un sphingidé, qui n'est pas
le grand sphinx tête-de-mort nocturne,
mais un cousin diurne, le sphinx macroglosse
(justement), qui n'est pas si rare,
puisqu'on peut le voir à l'œuvre à la
belle saison dans les corbeilles et les
massifs des jardins publics, et qui partage
avec les libellules et les colibris le
privilège du vol stationnaire. Ce qui lui
permet de s'attarder devant les fleurs
et de plonger à loisir jusqu'au fond du
calice la longue trompe à laquelle il doit
son nom, pour en aspirer le nectar.
Le commentateur ne dit rien en revanche de la queue de l'animal, dont
les courtes ondulations suggèrent un mode de propulsion reptilien.
En tout cas, on peut déjà affirmer que, malgré une vague analogie de
silhouette, cette créature n'est pas un colimaçon volant (de toute façon, le
corps d'un escargot, de profil, n'est jamais aligné sur le grand diamètre de la
coquille; il est tangent à cette dernière). Pas davantage un papillon, même
sphingidé, puisque dépourvu d'ailes.
On voit comme il semble plus facile de donner des identifications négatives,
si j'ose dire, du phénomène. Mais qu'en procédant justement par élimination
dans la liste des corps volants, on finira peut-être par s'approcher
d'une solution.
Dans le cycle