29.06.2013 Views

103/104 : Colloque 2003, etc. - Société des Amis d'Alfred Jarry

103/104 : Colloque 2003, etc. - Société des Amis d'Alfred Jarry

103/104 : Colloque 2003, etc. - Société des Amis d'Alfred Jarry

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Laurent de Freitas<br />

oreille « fut prise par une critique pour un porte-plume ». (Détail que l'on<br />

ne manquera pas de comparer à la fumée du train dans le portrait de Fargue<br />

qui semble, elle aussi, aller à son oreille, absente!)<br />

Si Fargue, dans son court texte indiquait que Rousseau avait fait son portrait,<br />

personne n'avait cru bon de relever ce détail et l'on en ignorait tout.<br />

Mais ce tableau est soudain réapparu en novembre 2000. Il est daté de 1896.<br />

Dans cette huile sur toile, Fargue est représenté en buste. Son visage porte<br />

un petit bouc et une moustache. Il a l'aspect soigné, avec costume et col<br />

dur avec cravate. Il semble écouter une locomotive derrière lui, tandis que sa<br />

main tenant à peine une pipe, à la pose irréelle, semble comme suspendue<br />

dans l'air, pour fixer l'instant qui passe.<br />

Autour de lui, derrière un rideau rouge à sa gauche évoquant celui d'un<br />

théâtre, s'étend un paysage empreint d'abstraction poétique auquel il tourne<br />

le dos, et que pourtant on imagine présent dans son esprit. C'est le quartier<br />

de Plaisance et la plaine Montsouris qui s'étalent derrière lui. Au loin, la tour<br />

Eiffel fixe la vision de Paris, et le train au panache de fumée semble prophétique<br />

de cette obsession de Fargue.<br />

Bien attestées et amicales à la fin du printemps 1894, les relations de<br />

Rousseau, <strong>Jarry</strong> et Fargue pour la période suivante, censée être celle de la<br />

brouille entre <strong>Jarry</strong> et Fargue et de la réalisation du portrait de Fargue, soulèvent<br />

<strong>des</strong> interrogations nouvelles.<br />

Certes <strong>Jarry</strong> est parti pour son service militaire, entrecoupé cependant de<br />

fréquentes permissions, jusqu'à la fin 1895, mais à son retour, loin de tenir<br />

rigueur au peintre d'envisager de faire le portrait de Fargue, <strong>Jarry</strong> au contraire<br />

a fréquenté assidûment le Douanier dans les années qui suivirent. Il fut même<br />

hébergé plusieurs mois, d'août à novembre 1897, par Rousseau avenue du<br />

Maine, et à peu près au même moment il rédigea les Gestes et opinions du<br />

docteur Faustroll, qui ne parut qu'en 1911, où il qualifie le peintre ainsi" :<br />

« M.Henri Rousseau, artiste peintre décorateur, dit le Douanier, mentionné<br />

et médaillé » et auquel il attribue la direction de la machine à peindre <strong>des</strong>tinée<br />

à transformer les hideurs du Magasin national, c'est à dire le Musée du<br />

Luxembourg; indiscutable distinction, peut-être teintée d'ironie, dont <strong>Jarry</strong><br />

honore là le Douanier, auquel il donne ici pour la première fois son surnom.<br />

Ainsi, l'amitié entre <strong>Jarry</strong> et Rousseau perdurant, on pouvait supposer<br />

un éloignement de Fargue et Rousseau. Or il n'en est rien puisque c'est à<br />

cette même période que Rousseau attaqua le portrait de Fargue, et celui-ci<br />

dut donc se rendre à plusieurs reprises dans l'atelier du peintre avenue du<br />

Maine, dont le quartier est représenté sur la toile, pour poser avant que le<br />

tableau ne fût achevé au cours de l'année 1896.<br />

37. Alfred <strong>Jarry</strong>, Gestes et opinions du docteur Faustroll, Pataphysicien, Éd. Fasquelle,<br />

28<br />

1911.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!