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— C’est une plaisanterie de très mauvais goût. – Alicia prit la poupée qu’elle lança sur le<br />
sofa.<br />
Sybil déposa son fardeau sur une chaise et remonta aussitôt à l’atelier de travail où elle<br />
annonça :<br />
— Vous connaissez toutes la poupée vêtue de velours qui se trouve dans le salon<br />
d’essayage…<br />
La première et ses ouvrières levèrent la tête.<br />
— Oui, madame, bien sûr.<br />
— Qui l’a assise devant le bureau, ce matin ?<br />
Elspeth s’exclama :<br />
— Assise devant le bureau ? Pas moi.<br />
— Ni moi non plus ! s’écria une ouvrière. Est-ce vous Marlene ?<br />
L’interpellée hocha la tête et demanda, venimeuse :<br />
— C’est ce à quoi vous vous occupez en cachette, Elspeth ?<br />
— Certainement pas. J’ai bien autres choses à faire que de jouer à la poupée.<br />
La voix mal assurée, Sybil Fox les pressa :<br />
— C’est… c’est une bonne plaisanterie, mais j’aimerais en connaître l’auteur.<br />
Les trois ouvrières protestèrent.<br />
— Nous vous assurons que ce n’est pas nous, Mrs Fox !<br />
— Ni moi non plus, appuya Elspeth. Pourquoi tant d’histoire pour une poupée, Mrs Fox ?<br />
— L’incident est simplement étrange.<br />
— C’est peut-être Mrs Groves ?<br />
— Impossible. Elle a eu une peur bleue en pénétrant dans le salon d’essayage.<br />
— Il faut que j’aille me rendre compte par moi-même, déclara soudain la première<br />
d’atelier.<br />
— Elle n’est plus devant le bureau. Miss Coombe l’a mise sur le sofa. Toujours est-il que<br />
quelqu’un a touché à cette poupée et il n’y a aucune raison pour que ce quelqu’un refuse de<br />
l’admettre.<br />
— Nous vous l’avons affirmé à deux reprises, Mrs Fox. Pas la peine de nous accuser d’être<br />
des menteuses. Aucune d’entre nous n’irait jouer un tour pareil !<br />
— Excusez-moi ! Je ne voulais pas vous offenser. Je ne vois néanmoins pas de qui d’autre<br />
il pourrait bien s’agir.<br />
— Peut-être qu’elle s’est rendue au secrétaire tout seule, suggéra Marlene en pouffant.<br />
Sybil pinça les lèvres, vexée.<br />
— Assez perdu de temps pour une histoire ridicule.<br />
Elle tourna les talons et regagna le salon d’essayage où elle trouva Alicia Coombe<br />
fredonnant un air gai tout en fouillant parmi ses affaires.<br />
— Ah ! Sybil ! J’ai encore perdu mes lunettes… Le désavantage d’être aussi myope que je<br />
le suis, est que lorsque l’on a égaré ses précieuses lunettes, à moins d’en chausser une autre<br />
paire pour retrouver la première, on n’a aucune chance de la récupérer, car on ne distingue<br />
rien à deux pas.<br />
— Je vais les chercher pour vous. Vous les aviez il n’y a pas longtemps.<br />
— Lorsque vous êtes montée, je me suis rendue dans mon salon, j’imagine qu’elles y sont<br />
restées.<br />
Elle se rendit dans l’autre pièce tout en remarquant :