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Elle regarda, tour à tour par-dessus chacune de ses épaules puis les haussa d’un air<br />
malheureux et dit :<br />
— Cela ne me plaît pas… Y a-t-il eu une mort subite parmi vous récemment ?<br />
— Que voulez-vous dire parmi nous ?<br />
— Dans votre famille ? Chez vos meilleurs amis ? Non ? Si je voulais faire un drame, je<br />
dirais que la mort flottait par ici ce soir. Oh, ce n’est, sans doute, qu’une de mes idées. Au<br />
revoir, Mrs Trent, je suis contente que vous soyez satisfaite.<br />
Mrs Thomson sortit drapée dans son velours grenat.<br />
— J’espère, Sir Alington, murmura Claire, que cela vous a intéressé.<br />
— Cette soirée fut passionnante, chère madame. Merci mille fois de me l’avoir procurée.<br />
Je vous souhaite le bonsoir. Je crois que vous allez tous à une soirée dansante ?<br />
— Ne voulez-vous pas nous accompagner ?<br />
— Non, non. J’ai pour règle d’être toujours couché à onze heures trente. Bonsoir,<br />
mesdames. Ah ! Dermot, je voudrais te dire un mot. Peux-tu m’accompagner ? Tu pourras<br />
rejoindre tes amis à la salle Grafton.<br />
— Certainement, mon oncle. Je te reverrai là-bas, Trent.<br />
Pendant le trajet jusqu’au domicile du médecin, dans Harley Street, l’oncle et le neveu<br />
n’échangèrent que peu de mots. Le premier s’excusa d’avoir emmené Dermot et lui promit de<br />
ne pas le retenir longtemps.<br />
— Veux-tu que je fasse attendre la voiture, mon garçon ? demanda-t-il comme ils la<br />
quittaient.<br />
— Ne prends pas cette peine, oncle Alington, je trouverai un taxi.<br />
— Parfait. Je n’aime pas faire veiller Charlie plus qu’il n’est nécessaire. Bonsoir, Charlie…<br />
Où diable ai-je mis ma clé ?<br />
La voiture s’éloigna tandis que le spécialiste fouillait dans ses poches ; il reprit enfin :<br />
— J’ai dû la laisser dans mon autre pardessus. Veux-tu sonner ? Je pense que Johnson est<br />
encore levé.<br />
En effet, le calme valet ouvrit la porte immédiatement.<br />
— Égaré ma clé, lui expliqua Sir Alington. Apportez-nous du whisky et du soda dans la<br />
bibliothèque, s’il vous plaît.<br />
— Parfait, monsieur.<br />
Le médecin se dirigea vers cette pièce, alluma puis fit signe à Dermot de fermer la porte.<br />
— Je ne te retiendrai guère, lui dit-il, je désire te parler : me tromperais-je en disant que<br />
tu as un certain… penchant pour Mrs Jack Trent ?<br />
Son neveu rougit violemment et répliqua :<br />
— Jack Trent est mon meilleur ami.<br />
— Ce n’est pas une réponse. Je suppose que tu considères mes idées sur le divorce et<br />
tout ce qui s’y rattache exagérément puritaines ; mais je veux te rappeler que tu es mon seul<br />
parent proche et par conséquent mon héritier.<br />
— Il n’est pas question de divorce, répliqua sèchement Dermot.<br />
— Certainement et ce pour une raison que je connais sans doute mieux que toi. Je ne<br />
puis te l’exposer à présent mais je tiens à t’avertir : Claire Trent n’est pas pour toi.<br />
Le jeune homme fixa sur son oncle un regard calme.<br />
— Je comprends fort bien… et, si tu me permets de te le dire, mieux que tu ne crois. Je<br />
connais la raison de ta présence chez les Trent ce soir.