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ague.<br />
<strong>Poirot</strong> haussa les épaules.<br />
— Mais pourquoi l’avoir enlevée du corps ? m’écriai-je.<br />
— Il peut y avoir une raison, dit Japp. Savez-vous que tout juste derrière l’étang, une<br />
petite porte s’ouvre sur les coteaux, et qu’en moins de trois minutes de marche vous arrivez,<br />
devinez où ? à un puits de chaux vive.<br />
— Seigneur ! m’écriai-je. Croyez-vous que la chaux qui aurait détruit le corps serait<br />
incapable d’attaquer le métal de la bague ?<br />
— Exactement.<br />
— Voilà qui explique tout, me semble-t-il. Quel crime horrible !<br />
D’un commun accord nous nous retournâmes tous deux vers <strong>Poirot</strong>. Il soupira et, se<br />
tournant vers Japp, il demanda :<br />
— Savez-vous, mon ami, si Mr et Mrs Davenheim occupaient la même chambre ?<br />
La question semblait si ridiculement hors de propos que pendant quelques instants nous<br />
nous regardâmes sans rien dire. Puis Japp éclata de rire.<br />
— Sacré <strong>Poirot</strong> ! Avec vous je m’attends toujours à quelque chose de génial. Je ne peux<br />
pas répondre à votre question pour l’excellente raison que je n’en sais rien.<br />
— Ne pourriez-vous pas le savoir ?<br />
— Oh ! si, probablement, si vous y tenez absolument.<br />
— Merci, mon ami. Je vous serais reconnaissant si vous pouviez me fournir ce<br />
renseignement le plus vite possible.<br />
Japp le considéra avec stupéfaction, mais <strong>Poirot</strong> semblait nous avoir oubliés tous les<br />
deux. Le policier secoua tristement la tête en me regardant et murmura : « Le pauvre vieux !<br />
La guerre lui a donné un rude coup ! » Puis il se retira.<br />
Comme <strong>Poirot</strong> semblait toujours plongé dans un rêve, je pris une feuille de papier et<br />
m’amusait à griffonner quelques notes. La voix de mon ami me fit sursauter. Il était sorti de<br />
sa méditation et semblait frais et dispos.<br />
— Que faites-vous là, Hastings ?<br />
— J’étais en train de noter les points intéressants de cette affaire.<br />
— Voilà que vous devenez enfin méthodique ! dit <strong>Poirot</strong> d’un ton approbateur.<br />
J’essayai de dissimuler ma satisfaction.<br />
— Voulez-vous que je vous les lise ?<br />
— Allez-y…<br />
J’éclaircis ma voix.<br />
— Premièrement : De toute évidence, c’est bien Lowen qui a forcé le coffre.<br />
Deuxièmement : Il en voulait à Davenheim. Troisièmement : Il a menti en affirmant d’abord<br />
qu’il n’avait pas quitté le bureau. Quatrièmement : Si vous acceptez l’histoire de Billy Kellett,<br />
Lowen ne peut manquer d’y être impliqué.<br />
Je m’arrêtai. « Eh bien ? » demandai-je, car je sentais que j’avais mis le doigt sur tous les<br />
faits essentiels.<br />
<strong>Poirot</strong> me regarda avec pitié et secoua lentement la tête.<br />
— Mon pauvre ami ! Vous n’êtes vraiment pas doué. Le détail important, vous ne<br />
l’apercevez jamais ! Aussi tout votre raisonnement tombe à l’eau.<br />
— Comment ça ?<br />
— Laissez-moi exposer quatre points de base : d’abord Lowen ne pouvait pas savoir qu’il