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jour où il a disparu… Qu’est-ce que vous dites de ça, hein, <strong>Poirot</strong> ?<br />
— Je ne dis rien pour l’instant. Je vous demande s’il ne s’agit pas d’habits pris dans la<br />
maison ?<br />
— Absolument pas ! Son valet peut l’affirmer : tout le reste de son vestiaire est au<br />
complet. Et il y a mieux. Nous avons arrêté Lowen. L’une des bonnes qui était en train de<br />
fermer les fenêtres de la maison a déclaré qu’elle l’a vu traverser le jardin et se diriger vers<br />
les bureaux vers dix heures un quart, soit à peu près dix minutes avant son départ.<br />
— Et qu’en dit-il ?<br />
— Il a d’abord nié avoir quitté le bureau. Mais comme la bonne insistait, il a prétendu<br />
avoir oublié de dire qu’il était sorti par la porte-fenêtre pour examiner une rose d’une espèce<br />
rare ; prétexte assez faible ! Maintenant encore autre chose : Mr Davenheim portait au petit<br />
doigt de la main droite une grosse bague en or avec un solitaire. Eh bien, cette bague a été<br />
mise en gage à Londres samedi soir par un homme nommé Billy Kellett : un triste individu,<br />
fiché, qui a fait trois mois de prison l’automne dernier pour avoir volé une montre en or à un<br />
vieux grand-père. Il a essayé de gager la bague au moins dans cinq endroits différents, et n’a<br />
réussi qu’au dernier, ensuite il a bu généreusement dans plusieurs pubs et s’est bagarré avec<br />
un docker, ce qui lui a valu d’être traîné au poste. Je suis allé le voir à Bow Street avec Miller.<br />
Il est maintenant suffisamment dégrisé, et nous l’avons presque tué de frayeur en insinuant<br />
qu’il pourrait bien être accusé de meurtre. Voici son histoire. Écoutez-moi ça, <strong>Poirot</strong>, c’est<br />
pour le moins curieux :<br />
« Kellett était donc aux courses d’Enfield samedi, plutôt à l’affût d’un bon portefeuille à<br />
voler que d’un cheval sur lequel parier. La journée était mauvaise, il n’espérait plus avoir<br />
aucune chance. Il s’est engagé sur la route de Chingside et s’est assis dans un fossé pour se<br />
reposer avant d’entrer dans le village. Quelques minutes plus tard, il a remarqué un homme<br />
se dirigeant vers le village : « Un aristo, le teint brun, la moustache épaisse. Fallait voir<br />
comment qu’il était fringué ! Pas un riche cul-terreux, non, non… Rockefeller. Lord<br />
Mountbatten. Oh ! le mec ! Y puait la Rolls-Royce et le caviar à vingt mètres… »<br />
« Kellett était à demi dissimulé par un tas de cailloux. Au moment d’arriver à sa hauteur,<br />
l’homme a jeté un coup d’œil furtif autour de lui et, la route lui semblant déserte, il a tiré de<br />
sa poche un petit objet qu’il a lancé par-dessus la haie. Puis il s’est dirigé vers la gare. L’objet<br />
qu’il avait jeté était tombé sur les cailloux avec un petit tintement qui avait éveillé la<br />
curiosité de l’homme assis dans le fossé. Il se mit à genoux dans l’herbe et ne tarda pas à<br />
découvrir la bague ! Voici le récit de Kellett, mot pour mot. À mon avis, il a rencontré<br />
Davenheim dans le chemin et l’a assassiné pour le voler. »<br />
<strong>Poirot</strong> secoua la tête.<br />
— Bien improbable, mon ami. Il n’avait aucun moyen de se débarrasser du corps, on<br />
l’aurait découvert depuis. Deuxièmement : la manière dont il a ouvertement gagé la bague<br />
rend invraisemblable qu’il l’ait acquise par un meurtre. Troisièmement : ce genre de filou à la<br />
petite semaine est rarement un assassin. Quatrièmement : puisqu’il est en prison depuis<br />
samedi, ce serait une coïncidence trop forte qu’il soit capable de donner une description<br />
exacte de Lowen.<br />
Japp fit un signe affirmatif.<br />
— Je ne dis pas que vous n’ayez pas raison. Mais tout de même, vous ne voulez pas que<br />
des juges prennent au sérieux le témoignage d’un vulgaire voleur à la tire. Ce qui me paraît<br />
bizarre, c’est que Lowen n’ait pas trouvé un moyen plus habile de se débarrasser de la