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Allo, Hercule Poirot..

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— Vous ne paraissez pas le moins du monde alarmée.<br />

— J’avoue que, dans un sens, l’aventure m’amuse. À mon âge, tout incident insolite me<br />

procure une distraction. Pourtant… je crois qu’intérieurement, je n’aime pas beaucoup la<br />

tournure que prend cette histoire. Notre poupée dépasse un peu les bornes.<br />

Ce soir-là, Sybil et Alicia Coombe fermèrent la porte ensemble.<br />

— Je suis encore persuadée – remarqua Sybil – qu’une des ouvrières nous joue un<br />

mauvais tour, bien que son motif m’échappe…<br />

— Vous pensez que demain matin, nous trouverons la poupée de nouveau assise devant<br />

le bureau ?<br />

— Franchement, oui.<br />

Mais Sybil se trompait. Au matin, la poupée n’était pas assise à sa nouvelle place, mais<br />

sur le rebord de la fenêtre, tournée vers la rue en contrebas. Et à nouveau, sa posture avait<br />

quelque chose d’étrangement naturel.<br />

Au cours de l’après-midi, alors que les deux femmes se détendaient un moment en buvant<br />

une tasse de thé, Miss Coombe lança à brûle-pourpoint :<br />

— Cette affaire devient vraiment ridicule.<br />

D’un commun accord, elles s’étaient retirées dans le salon de la directrice au lieu de<br />

rester comme d’habitude dans le salon d’essayage.<br />

— Ridicule… dans quel sens ?<br />

— Eh bien ! sur quoi repose-t-elle sinon sur une poupée qui change constamment de<br />

place ?<br />

Les jours suivants, le fait devint de plus en plus évident. La poupée ne changeait plus<br />

seulement de place durant la nuit, mais à tout moment. Lorsque les couturières revenaient<br />

dans le salon d’essayage, même après quelques secondes d’absence, elles la retrouvaient<br />

dans une position nouvelle. Elle passait du sofa sur une chaise, puis sur la fenêtre. Parfois,<br />

elle occupait le fauteuil et parfois la chaise devant le secrétaire.<br />

Un après-midi que Sybil Fox et sa directrice contemplaient la poupée étendue sur le sofa,<br />

Miss Coombe remarqua :<br />

— Elle se déplace comme bon lui semble, à présent. Et j’ai l’impression, Sybil, que cela<br />

l’amuse beaucoup. Mais qu’est-ce après tout sinon de vieux morceaux de velours fané et<br />

quelques coups de pinceau en guise de figure ? – Sa voix cependant avait un accent<br />

angoissé. – Je suppose que nous pourrions… nous débarrasser d’elle… ?<br />

Devant l’expression choquée de sa seconde, elle enchaîna vivement :<br />

— Si nous avions un feu, nous pourrions la brûler… comme une sorcière. Bien sûr, il y a<br />

toujours la poubelle…<br />

— Non ! Quelqu’un l’y repêcherait sûrement pour nous la rapporter.<br />

— Et si nous l’envoyions à une de ces institutions qui demandent toujours des objets pour<br />

leurs ventes de charité ? Ce serait probablement la meilleure solution.<br />

— Je ne sais pas. Cela me ferait presque peur.<br />

— Peur ?<br />

— Je crois qu’elle reviendrait ici.<br />

— Ici ?<br />

— Oui.<br />

— Comme un pigeon-voyageur ?<br />

— Dans un sens, oui.

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