03.07.2013 Views

http://www.jeuverbal.fr Spitzer, L'effet de sourdine ... - le jeu verbal

http://www.jeuverbal.fr Spitzer, L'effet de sourdine ... - le jeu verbal

http://www.jeuverbal.fr Spitzer, L'effet de sourdine ... - le jeu verbal

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

<strong>http</strong>://<strong>www</strong>.<strong><strong>jeu</strong><strong>verbal</strong></strong>.<strong>fr</strong><br />

généra<strong>le</strong> : H. dédaigne l'inconstant parce qu'il faut dédaigner l'inconstance, etc. Il s'agit<br />

d'une attitu<strong>de</strong> à l'égard non plus d'un homme, mais d'une qualité humaine.<br />

III, 6 :<br />

Ah ! seigneur! vous entendiez assez<br />

Des soupirs qui craignaient <strong>de</strong> se voir repoussés.<br />

Pardonnez à l’éclat d'une illustre fortune<br />

Ce reste <strong>de</strong> fierté qui craint d'être importune.<br />

Même dans cette scène où el<strong>le</strong> rassemb<strong>le</strong> toute sa maîtrise <strong>de</strong> soi pour être<br />

conciliante avec Pyrrhus, Andromaque ne lui permet en quelque sorte aucun pas vers el<strong>le</strong><br />

: la volonté <strong>de</strong> Pyrrhus ne peut que venir se briser sur <strong>le</strong>s murs <strong>de</strong>s abstraits personnifiés<br />

(éclat, fortune, fierté) : ce n'est pas Andromaque qui craint d'être importune, mais<br />

seu<strong>le</strong>ment sa fierté, ce n'est pas el<strong>le</strong> qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pardon, mais l'éclat <strong>de</strong> sa <strong>de</strong>stinée. Et<br />

même ses comportements humains, <strong>le</strong>s soupirs (noter qu'el<strong>le</strong> ne dit pas « mes soupirs »,<br />

cf. plus haut) sont mis au rang <strong>de</strong>s abstraits, puis personnifiés par craignaient <strong>de</strong> se voir<br />

repoussés. De même, dans <strong>le</strong>s vers ci-<strong>de</strong>ssous, Phèdre n'est pas dépeinte comme une<br />

femme en proie à la souf<strong>fr</strong>ance; il y a en el<strong>le</strong> différentes passions qui agissent pour el<strong>le</strong>s<br />

(<strong>de</strong> même qu'OEnone, la nourrice, même lorsqu'el<strong>le</strong> agit seu<strong>le</strong>, n'est qu'une incarnation<br />

<strong>de</strong>s caprices <strong>de</strong> Phèdre) :<br />

I, 2<br />

Un désordre éternel règne dans son esprit,<br />

Son chagrin inquiet l'arrache <strong>de</strong> son lit:<br />

El<strong>le</strong> veut voir <strong>le</strong> jour : et sa dou<strong>le</strong>ur profon<strong>de</strong><br />

M'ordonne toutefois d'écarter tout <strong>le</strong> mon<strong>de</strong>.<br />

Ail<strong>le</strong>urs, une puissance indéterminée est expressément désignée comme cause<br />

d'une action (Andr., II, 2) :<br />

Madame, il [Pyrrhus] me renvoie : et quelque autre puissance<br />

Lui fait du fils d’Hector embrasser la défense.<br />

donc, ce n'est pas « il défend <strong>le</strong> fils d'Hector », mais « une puissance (obscure) lui fait<br />

prendre la défense ».<br />

On aboutit à tout un cérémonial <strong>de</strong> périphrases où <strong>le</strong>s personnages se diluent<br />

dans l'abstraction :<br />

Andr., l, 3 :<br />

Oui, mes voeux ont trop loin poussé <strong>le</strong>ur vio<strong>le</strong>nce<br />

Pour ne plus s'arrêter que dans l'indifférence:<br />

III, 6<br />

Sa grâce à vos désirs pouvait être accordée:<br />

Mais vous ne l'avez pas seu<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>mandée.<br />

(Le premier vers aurait aussi bien pu avoir vous que <strong>le</strong> second.)<br />

Baj., l, 1 :<br />

Il se souvient toujours que son [du sultan] inimitié<br />

Voulut <strong>de</strong> ce grand corps [<strong>le</strong>s Janissaires] retrancher la moitié.<br />

I, 1 :<br />

Quoi! tu crois, cher Osmin, que ma gloire passée<br />

Flatte encore <strong>le</strong>ur va<strong>le</strong>urs [<strong>de</strong>s Janissaires] et vit dans <strong>le</strong>ur pensée?<br />

<strong>Spitzer</strong>, L’effet <strong>de</strong> <strong>sourdine</strong> dans <strong>le</strong> sty<strong>le</strong> classique : Racine. 15

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!