03.07.2013 Views

http://www.jeuverbal.fr Spitzer, L'effet de sourdine ... - le jeu verbal

http://www.jeuverbal.fr Spitzer, L'effet de sourdine ... - le jeu verbal

http://www.jeuverbal.fr Spitzer, L'effet de sourdine ... - le jeu verbal

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

<strong>http</strong>://<strong>www</strong>.<strong><strong>jeu</strong><strong>verbal</strong></strong>.<strong>fr</strong><br />

Baj., II, 5 :<br />

J'épouserais, et qui? s’il faut que je <strong>le</strong> die,<br />

Une esclave attachée à ses seuls intérêts ... ?<br />

(La hardiesse avec laquel<strong>le</strong> Bajazet définit Roxane a besoin d'être assourdie par une<br />

formu<strong>le</strong> <strong>de</strong> préparation.)<br />

Une mise en <strong>sourdine</strong> analogue* et d’approche courtoise* se retrouve dans <strong>de</strong>s<br />

parenthèses comme cel<strong>le</strong> du fameux passage <strong>de</strong> Bajazet :<br />

Votre mort, pardonnez aux fureurs d’un amant,,<br />

Ne me paraissait pas <strong>le</strong> plus grand <strong>de</strong>s tourments.<br />

Dans sa <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> la passion amoureuse, Racine en vient à une terrib<strong>le</strong><br />

découverte : l'amante, ayant perdu désormais tout espoir que l'être qu'el<strong>le</strong> aime lui<br />

appartienne jamais, ne se révolte pas à l'idée qu'il puisse être anéanti. Par <strong>le</strong>s mots Votre<br />

mort, Racine s'apprête à <strong>fr</strong>apper comme d'un coup <strong>de</strong> poignard, mais adoucit, par cette<br />

parenthèse où <strong>le</strong> personnage se définit lui-même (pardonnez aux fureurs …) la maxime,<br />

ef<strong>fr</strong>oyab<strong>le</strong> <strong>de</strong> logique, qu'il lui faut bien faire suivre. Dans d'autres cas, l'insertion,<br />

rompant avec la construction norma<strong>le</strong>, provoque <strong>le</strong> troub<strong>le</strong> et l'inquiétu<strong>de</strong>:<br />

Phèdre, V, 1- Hippolyte à Aricie :<br />

Je n'ai pu vous cacher, jugez si je vous aime,<br />

Tout ce que je voulais me cacher à moi-même.<br />

Ath., V, 2:<br />

Ses prêtres toutefois, mais il faut se hâter,<br />

À <strong>de</strong>ux conditions peuvent se racheter.<br />

Une image trop crue, aux limites <strong>de</strong>s possibilités du théâtre pour l'époque <strong>de</strong><br />

Racine, peut être préparée, spiritualisée, jugée, par l'insertion préalab<strong>le</strong> :<br />

Phèdre, V, 6 :<br />

El<strong>le</strong> approche; el<strong>le</strong> voit l'herbe rouge et fumante;<br />

El<strong>le</strong> voit (Quel objet pour <strong>le</strong>s yeux d’une amante!)<br />

Hippolyte étendu, sans forme et sans cou<strong>le</strong>ur.<br />

Du même coup <strong>le</strong> « tab<strong>le</strong>au» dépeint dans <strong>le</strong> <strong>de</strong>rnier vers acquiert son unité, est pour<br />

ainsi dire encadré.<br />

Ici encore, Racine réussit à donner à un procédé <strong>de</strong> sty<strong>le</strong> hérité <strong>de</strong> l'antiquité tout<br />

un éventail <strong>de</strong> nuances possib<strong>le</strong>s : Ovi<strong>de</strong> : in<strong>de</strong>, fl<strong>de</strong> majus, glaebae coepere movere<br />

(Stolz-Schmalz, p.658), avec la même préparation préalab<strong>le</strong> à un fait inouï.<br />

Toutes ces insertions produisent une tension : el<strong>le</strong>s retar<strong>de</strong>nt <strong>le</strong> discours,<br />

entravent l'auditeur qui voudrait parvenir au plus vite à la fin <strong>de</strong> la phrase. La tension<br />

s'accroît (mais avec el<strong>le</strong> aussi l'impression d'artifice) lorsque Racine choisit un ordre <strong>de</strong>s<br />

mots poétique, <strong>de</strong> type latin, où l'anticipation du complément accroît en fait<br />

l'impression <strong>de</strong> retar<strong>de</strong>ment. Des cas comme:<br />

Andr., III, 7 :<br />

Je ne fais contre moi que vous donner <strong>de</strong>s armes.<br />

(= Je ne fais que v. d. d. a. contre moi.)<br />

IV, 1 :<br />

Je ne sais même encor ...<br />

Sur d’autres que sur moi si je dois m'en remettre.<br />

Baj. I, 1 :<br />

Je sais à son retour l'accueil qu'il me <strong>de</strong>stine,<br />

<strong>Spitzer</strong>, L’effet <strong>de</strong> <strong>sourdine</strong> dans <strong>le</strong> sty<strong>le</strong> classique : Racine. 49

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!