http://www.jeuverbal.fr Spitzer, L'effet de sourdine ... - le jeu verbal
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II, 3<br />
Peut-être je saurai, dans ce désordre extrême,<br />
Par un beau désespoir me secourir moi-même.<br />
<strong>http</strong>://<strong>www</strong>.<strong><strong>jeu</strong><strong>verbal</strong></strong>.<strong>fr</strong><br />
(« beau désespoir » : cela rend presque <strong>le</strong> son du cabotinage, <strong>de</strong> l'exhibitionnisme, mais<br />
Racine, qui ne fait que reprendre un passage fameux <strong>de</strong> Corneil<strong>le</strong>, y voit sûrement une<br />
appréciation objective : « un désespoir pour ainsi dire romain, menant à <strong>de</strong>s actions<br />
héroïques »).<br />
II, 5 :<br />
Vos p<strong>le</strong>urs vous trahiraient: cachez-<strong>le</strong>s à ses yeux<br />
Et ne prolongez point <strong>de</strong> dangereux adieux.<br />
(Une situation comp<strong>le</strong>xe est ramassée dans l'étonnante association <strong>de</strong> dangereux adieux,<br />
qui met clairement en lumière l'inopportunité d'adieux attendrissants dans <strong>le</strong>s<br />
circonstances données.)<br />
III, 1:<br />
Ce coeur, qui <strong>de</strong> ses jours prend un funeste soin,<br />
L'aime trop pour vouloir en être <strong>le</strong> témoin.<br />
IV, 5 :<br />
Libre <strong>de</strong>s soins cruels où j'allais m'engager,<br />
Ma tranquil<strong>le</strong> fureur n'a plus qu'à se venger.<br />
Iphigénie, I, 1 :<br />
Chatouillaient <strong>de</strong> mon coeur l'orgueil<strong>le</strong>use faib<strong>le</strong>sse.<br />
Phèdre, II, 1 :<br />
Je rendais souvent grâce à l'injuste Thésée<br />
Dont l'heureuse rigueur secondait mes mépris.<br />
IV, 6 :<br />
Je n'osais dans mes p<strong>le</strong>urs me noyer à loisir,<br />
Je goûtais en tremblant ce funeste plaisir.<br />
Ath., I, 2 :<br />
Les temps sont accomplis, princesse, il faut par<strong>le</strong>r,<br />
Et votre heureux larcin ne se peut plus ce<strong>le</strong>r.<br />
IV, 3 :<br />
Loin du trône nourri, <strong>de</strong> ce fatal honneur,<br />
Hélas! vous ignorez <strong>le</strong> charme empoisonneur.<br />
IV, 3<br />
[ces fameux lévites qui]<br />
… <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs parents saintement homici<strong>de</strong>s,<br />
Consacrèrent <strong>le</strong>urs mains dans <strong>le</strong> sang <strong>de</strong>s perfi<strong>de</strong>s.<br />
Voss<strong>le</strong>r (p.134) écrit, à propos <strong>de</strong> quelques-uns <strong>de</strong> ces passages d'Athalie<br />
prononcés par <strong>le</strong> grand-prêtre Joad (p. ex. I, 2 et IV, 3) : « On n'en saurait douter :<br />
l'auteur prête consciemment à Joad la lai<strong>de</strong>ur d'une doub<strong>le</strong> mora<strong>le</strong>. Ne place-t-il pas dans<br />
sa bouche <strong>de</strong>s expressions comme heureux larcin ... saintement homici<strong>de</strong>s? Les discours<br />
ambigus <strong>de</strong> ce théocrate obstiné, <strong>de</strong> ce massacreur au service <strong>de</strong> Dieu, ruissel<strong>le</strong>nt <strong>de</strong><br />
sang et <strong>de</strong> vengeance, autant que d'humilité et d'amour. On aurait bien tort <strong>de</strong> <strong>le</strong><br />
considérer comme un héros selon <strong>le</strong> coeur <strong>de</strong> Racine. L'auteur n'a d'ail<strong>le</strong>urs pas voulu<br />
non plus <strong>le</strong> rapetisser, <strong>le</strong> rendre suspect ou haïssab<strong>le</strong>. Face à ce pur phénomène, il ne<br />
<strong>Spitzer</strong>, L’effet <strong>de</strong> <strong>sourdine</strong> dans <strong>le</strong> sty<strong>le</strong> classique : Racine. 34