http://www.jeuverbal.fr Spitzer, L'effet de sourdine ... - le jeu verbal
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Bajazet, II, 3 :<br />
Pardonnez, Acomat, je plains avec sujet<br />
Des coeurs dont <strong>le</strong>s bontés trop mal récompensées<br />
M'avaient pris pour objet <strong>de</strong> toutes <strong>le</strong>urs pensées<br />
<strong>http</strong>://<strong>www</strong>.<strong><strong>jeu</strong><strong>verbal</strong></strong>.<strong>fr</strong><br />
─ en réalité il s'agit d'un coeur bien déterminé. L'expression indéterminée au pluriel, en<br />
replaçant la question dans une généralité fictive, dispense d'une prise <strong>de</strong> position<br />
individuel<strong>le</strong>. L'élégance particulière <strong>de</strong> cette tournure <strong>de</strong>s + Substantif (pluriel) +<br />
Proposition relative vient du fait que dans la subordonnée <strong>le</strong> fond du propos trouve une<br />
expression particulièrement discrète, cf. ci-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s maux dont toi seul as pitié,<br />
associée à un juste sens <strong>de</strong> la situation du partenaire, sans abolition <strong>de</strong> la distance, un<br />
malheureux qui perd tout ce qu'il aime, ou encore<br />
Phèdre, II, 2 - Hippolyte:<br />
Je révoque <strong>de</strong>s lois dont j’ai plaint la rigueur<br />
[<strong>le</strong>s lois édictées par Thésée].<br />
Aricie :<br />
Modérez <strong>de</strong>s bontés dont l'excès m'embarrasse<br />
[au lieu <strong>de</strong> vos bontés]<br />
Le « fond » du propos <strong>de</strong>vient particulièrement sensib<strong>le</strong>, lorsque cet un<br />
accompagne <strong>de</strong>s termes désignant <strong>le</strong>s parties du corps : el<strong>le</strong>s apparaissent comme <strong>de</strong>s<br />
outils qui pourraient être remplacés par d'autres, qui n'entrent en ligne <strong>de</strong> compte qu'à<br />
cause <strong>de</strong> tel<strong>le</strong> ou tel<strong>le</strong> qualité pratique définie :<br />
Athalie, IV, 5 :<br />
N'êtes-vous pas ici sur la montagne sainte<br />
Où <strong>le</strong> père <strong>de</strong>s Juifs sur son fils innocent<br />
Leva sans murmurer un bras obéissant?<br />
Le bras d'Abraham fut obéissant, il aurait pu tout aussi bien être désobéissant ─ <strong>le</strong><br />
bras en lui-même ne renferme rien d'important que cette obéissance. Ce n'est pas <strong>le</strong><br />
bras d'Abraham, son bras (individuel), mais un bras (quelconque) doté <strong>de</strong> la fonction<br />
d'obéissance. De même :<br />
Athalie, V, 2 :<br />
Vou<strong>le</strong>z-vous que d'impurs assassins ...<br />
Viennent...<br />
... portant sur notre arche une main téméraire,<br />
De votre propre sang souil<strong>le</strong>r <strong>le</strong> sanctuaire ?<br />
Sous la rubrique <strong>de</strong> la dépersonnalisation*, nous placerons encore <strong>le</strong>s<br />
expressions impersonnel<strong>le</strong>s comme :<br />
Andromaque, I, 4:<br />
Eh quoi! votre courroux n' a-t-il pas eu son cours?<br />
Peut-on haïr sans cesse? et punit-on toujours?<br />
Dans cet exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> locuteur s'appuie sur une sorte d'usage moral, auquel il<br />
désire voir son partenaire se conformer (on ne peut pas toujours haïr, par conséquent toi<br />
non plus tu ne dois pas haïr toujours). Mais souvent aussi « on » remplace une tierce<br />
personne déterminée :<br />
Phèdre, III, 5 :<br />
Quel est l'étrange accueil qu'on fait à votre père,<br />
Mon fils?<br />
<strong>Spitzer</strong>, L’effet <strong>de</strong> <strong>sourdine</strong> dans <strong>le</strong> sty<strong>le</strong> classique : Racine. 4