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La peinture romantique, essai sur l'évolution de la peinture française ...

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— l"i() —<br />

d'embléeà lui, serait commettre une erreur. Ing-res racontait, par <strong>la</strong> suite, qu'il<br />

avait vu, à l'âge <strong>de</strong> douze ans, une copie <strong>de</strong> <strong>la</strong> Vierge à<strong>la</strong> Chaise et qu'il en avait<br />

ressenti une impression extraordinaire : il exagérait sans doute ou antidatait invo-<br />

lontairement. Il aimait aussi à répéter un mot assez cru <strong>de</strong> David qui lui aurait<br />

dit un jour: «Toi, tu auras toujours le nez dans le dos <strong>de</strong> Raphaël, tu aimes<br />

mieux celui-là que le mien et tuas raison (1)». En réalité, son admiration avait<br />

été, d'abord, moins prononcée et moins exclusive et, <strong>la</strong> première année <strong>de</strong> son<br />

séjour en Italie, s'il faisait une copie d'après Raphaël, il en faisait une autre<br />

du Titien.<br />

Il apprit à admirer Raphaël par une sorte d'initiation historique. Ce qu'il<br />

aima chez lui, ce ne fut pas le créateur ample <strong>de</strong> scènes solennelles, le père <strong>de</strong><br />

l'àg-e académique, le maître <strong>de</strong>s cartons d'itampton Court ou <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières<br />

Chambres, ce lui bien |)lul()t l'élève du Pérugin, celui ([ui avait porté à sa perfection<br />

l'art créé par Cimabue et développé par le Trecento et le Quattrocento. Ce<br />

(|u'i<strong>la</strong>ima en lui, ce fut non l'ampleur du génie, mais le sens sublime <strong>de</strong> <strong>la</strong> vérité.<br />

Il a affirmé plusieurs fois <strong>la</strong> filiation entre Raphaël et ses prédécesseurs: « Le<br />

vrai berceau <strong>de</strong> <strong>la</strong> belle <strong>peinture</strong>, disait-il (2), a été <strong>la</strong> chapelle <strong>de</strong>s Branoacci,<br />

dans l'église <strong>de</strong>s Carmes, à Florence»; et il ajoutait : « Les matériaux <strong>de</strong> l'art sont<br />

à F'iorence et les résultats sont à Rome. »<br />

Il fut frappé j)ar ces étu<strong>de</strong>s préparatoires, si pleines <strong>de</strong> vérité particulière <strong>sur</strong><br />

lesquelles Raphaël s'étaitappuyé pour é<strong>la</strong>borer ses types les plus généraux. Ce<br />

point <strong>de</strong> départ pris dans <strong>la</strong> nature, ce <strong>de</strong>ssin (|ui n'est tju'une simple copie,<br />

une sorte <strong>de</strong> pholographie indicatrice lui servit désormais d'exemple. Il s'imposa<br />

<strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r, comme l'avait fait Raphaël et, par là, son imitation <strong>de</strong>vint fécon<strong>de</strong>.<br />

Il n'était pas, il avait raison <strong>de</strong> l'affirmei-, (( un imitateur servile <strong>de</strong>s écoles du<br />

quatorzième et du (|uiiizièine siècle (!{) », mais il avait su s'en servir et, s'il<br />

conseil<strong>la</strong>it l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Raphaël, c'est qu'il <strong>la</strong> regardait comuie <strong>la</strong> meilleure auxi-<br />

liaire <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature.<br />

Ses <strong>de</strong>ssins et <strong>sur</strong>toutceux qui sont conservés au musée Ingres à Montauban,<br />

témoignent <strong>de</strong> l'usage constant <strong>de</strong> ce procédé qu'il avait <strong>de</strong>viné d'instinct et dont<br />

l'autorité <strong>de</strong> Raphaël lui avait confirmé <strong>la</strong> valeur. Ses étu<strong>de</strong>s, d'après le modèle,<br />

sont d'une fidélité (|ue rien n'arrête : il nous souvientavoir remarqué un <strong>de</strong>ssin<br />

<strong>de</strong> femme accroupiedont le réalisme et <strong>la</strong> vulgarité auraient fait envieàun maître<br />

hol<strong>la</strong>ndais. Comme Raphaël, il cherchait, d'après <strong>la</strong> vie, l'attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ses per-<br />

sonnages et nous savons, par une anecdote qu'a racontée avec agrément Charles<br />

B<strong>la</strong>nc (4), avec (pielle bonne foi il a composé <strong>la</strong> Vierge du Vœu <strong>de</strong> Louis XIII.<br />

(\) Balze, Ingres et son École, p. 13.<br />

(2) De<strong>la</strong>ljordc, op. cit., p. t54.<br />

(3) Dc<strong>la</strong>ljor<strong>de</strong>, op. cit., p. 90.<br />

(4) Cliarles B<strong>la</strong>nc, /iigres, XXXIV.

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