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La peinture romantique, essai sur l'évolution de la peinture française ...

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:i/ *<br />

éphémère, le baron <strong>de</strong> Triqiielti e1 Antonin Moine qni, Ions <strong>de</strong>ux, tentèrent<br />

<strong>de</strong> faire servir <strong>la</strong> sculpture an pitlorcsque et à l'expression et qui, tons <strong>de</strong>ux<br />

aussi, travaillèrent à ce <strong>de</strong>ssein en vio<strong>la</strong>nt <strong>la</strong> |)<strong>la</strong>stique et en s'inspirant ahnsi-<br />

veuHMit <strong>de</strong>s lois <strong>de</strong>là <strong>peinture</strong>. Il snltit <strong>de</strong> visiler l'église <strong>de</strong> <strong>la</strong> Ma<strong>de</strong>leine, dont<br />

Tri(|uellia mo<strong>de</strong>lé les portes <strong>de</strong> bronze et dont Antonin Moine a sculpté les béni-<br />

tiers, pour reconnaître, à <strong>la</strong> t'ois, cl leur <strong>la</strong>lenl et <strong>la</strong> vanité <strong>de</strong> leur tentative.<br />

lies bas-reliefs <strong>de</strong> Triqnetti témoignent d'un véritable tempérament, d'un sens<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> composition orig-inal ; ils soni pleins <strong>de</strong> vie et <strong>de</strong> foug-ue et <strong>la</strong>issent une<br />

impression dui'able. Mais celui cpii, an lieu d'y jeter un simple coup d'oeil et<br />

il'en saisir seulemeni <strong>la</strong> silhouette, les veut contempler <strong>de</strong> pins près, est immédiatement<br />

choqué par le sjstème<strong>de</strong> <strong>la</strong> facture. Ce sont<strong>de</strong>sébanches dontaucune<br />

n'a été achevée : il semble que l'on distingue encore les pains <strong>de</strong> cire ou <strong>de</strong> g<strong>la</strong>ise<br />

et les coups d'ébanchoir.AucuiH' ligne n'est arrêtée, aucun contour n'est déterminé.<br />

Il y a là certes um^ influence directe <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>peinture</strong> romanticjue. Triquetti a cru<br />

(|ue l'on pouvait I<br />

ransporter<br />

dans <strong>la</strong> statuaire les effets <strong>de</strong>là <strong>peinture</strong> : empâte-<br />

ments, snl)ordination <strong>de</strong>s détails, déformations pittores(|ues et ses bas-reliefs,<br />

(om|)osés et exécutés à <strong>la</strong> manière <strong>de</strong> tableaux, sont <strong>de</strong> véritables transpositions<br />

d'art.<br />

Il s'en i'aul (|iii" les <strong>de</strong>ux bénitiers signés par Antonin Moine aient <strong>la</strong> même<br />

valeur; ils ne sont plus pour nous (pie les témoignages d'une mo<strong>de</strong> rapi<strong>de</strong>ment<br />

disparue, (les anges femmes, aux allures extatiques, n'ont rien <strong>de</strong> sculptural.<br />

Leurs tailles indélininient allongées, leur sveltesse invraisemb<strong>la</strong>ble, leurs traits<br />

d'un <strong>de</strong>ssin couNcrilionnel, tout en est faux. C'est le <strong>de</strong>rnier point auquel puisse<br />

porter <strong>la</strong> tyrannie du iioùl d'une g-énération. Le mysticisme élégiaque <strong>de</strong> ces<br />

ligures déi'ive à <strong>la</strong> fois et <strong>de</strong> <strong>la</strong> littérature et <strong>de</strong>là lithographie : Eloa et <strong>la</strong> chute<br />

d'un ange en ont inspiré le sentiment et <strong>la</strong> forme qu'ils ont revêtue est empruntée<br />

aux <strong>de</strong>ssins <strong>de</strong> Célestin Nantenil ou <strong>de</strong> Tony Johannot.<br />

Ainsi, le désir <strong>de</strong> rendre <strong>la</strong> sculptuic expressive a conduit d'excellents esprits<br />

à y subordonner <strong>la</strong> forme à <strong>la</strong> pensée ou an caractère. Un homme <strong>de</strong> génie,<br />

David d'Aug-ers, sans échapper à tontes les conséquences<strong>de</strong> ce principe, a néanmoins<br />

su les dominer <strong>de</strong> sa science; d'autres, <strong>de</strong> moindre enverg-ure, y ont été<br />

enlièreuHMil (ié\()\és. Il va, dans (^ette aventure, dans cette protestation contre<br />

<strong>la</strong> pure |)<strong>la</strong>sli(pie une l'vi<strong>de</strong>nte analogie avec quelques idées essentielles du<br />

K(unantisme pictural; nuus il semble (pie David d'Aiig-ers se soit développé indé-<br />

|)endamnicnt <strong>de</strong> ce mouvement et (|nant à Tri(iuetti et Antonin Moine, s'ils ont<br />

eu quelque contact avec <strong>la</strong> <strong>peinture</strong>, ça a été pour s'en inspirer. De ce côté du<br />

moins, <strong>l'évolution</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>peinture</strong>, loin <strong>de</strong> dépendre<strong>de</strong><strong>la</strong> statuaire (1), l'a plutôt<br />

<strong>de</strong>vancée.<br />

(1) Nous aurions di~i évi<strong>de</strong>mmenl citer, dans ce groupe d'artistes, Auguste Prcault, si <strong>la</strong> date <strong>de</strong> ses<br />

débuts (1833) ue nous avait dispensés d'en parler.

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