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La peinture romantique, essai sur l'évolution de la peinture française ...

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— (U —<br />

condition; ils ne s'indignaient pas d'v èlii- conlinés... <strong>La</strong> perspective restreinte<br />

empècliail l'innii-ination et, l'espérance <strong>de</strong> se <strong>la</strong>ncer éperdumenl dans l'avenir<br />

indéfini: ranil)ili()n, lont <strong>de</strong> sui(e rahallne en teri'e, niai'cliait an lien <strong>de</strong> voler;<br />

elle sjenfail dès l'abord qne les sommets étaient hors <strong>de</strong> sa portée; il Ini snlTisait<br />

<strong>de</strong> monter lentement nn ou <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>grés» (I).<br />

Les peintres, comme les antres, voient leur horizon borné. Ils ne peuvent se<br />

faire connaîlre (jne s'ils sont <strong>de</strong> l'Académie <strong>de</strong> Peinture; il faut donc fjn'ils lui<br />

fassent- leui' cour et au Surintendant <strong>de</strong>s hiilinn^nls e( aux Grands (jui leur i'nur-<br />

nissent <strong>de</strong>s travaux. L'hostilité d'un personnage jouissant peut les ruiner, les<br />

oblig'er à l'exil. Tout, aulour d'eux, leur ins|)ire riiuniilité et le respect. <strong>La</strong><br />

meilleure condition sociale à <strong>la</strong>quelle ils peuvent prétendre reste toujours peu<br />

élevée; l'idée d'une gran<strong>de</strong> considération à obt(Miii- lu'pent ni les soutenir ni les<br />

exalter. Enfin, leur carrière offre, comme les autres, <strong>de</strong>s rouages réguliers et<br />

c'est une pensée naturelle à tout novice <strong>de</strong> se <strong>la</strong>isser engager dans l'engrenage.<br />

D'ailleurs, en une société on l'on craint <strong>de</strong> se singu<strong>la</strong>riser, où les visages sont<br />

rasés pour èlrc |)lns nnitormes, où b^ coslunu' et le mol)dier sont soumis<br />

an goût universel, ce n'est poinl pai' l'originalih' (jue l'on niarche à <strong>la</strong> for-<br />

tune.<br />

Avec <strong>la</strong> Révoluliou lout chang'e: » Les ambilions ipii, sous l'ancien régime,<br />

s'espaçaient au <strong>de</strong>horsou s'amortissaient à (li)niicile, se sont dressées dans l'en-<br />

ceinte du sol natal el (h'ployées tout à coup au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> toute attente (2).<br />

» Désor-<br />

mais, lout est ouvert à tous et l'agrandissement énorme <strong>de</strong> <strong>la</strong> France offre nn<br />

champ d'action infini aux espi'its enivrés. «En ce temps-là, dit Stendhal, un<br />

g'arçon pharnnu'ien, parmi ses di-ognes et ses bocaux, dans une arrière-boutique,<br />

se disait, en [)i<strong>la</strong>nt et en filtrant, (|ue s'il faisait f[uelque gran<strong>de</strong> découverte, il<br />

serait fait comte avec .jO.OOO livres <strong>de</strong> rente (3). »<br />

Depuis 1781), il s'est produit en France une extraordinaire éclosion d'hommes.<br />

Ceux qui vég'étaient obscurs sous <strong>la</strong> Monarchie, en quelques années, en quelques<br />

mois, se révèleiit et inaiwpient leur p<strong>la</strong>ce dans leur temps et dans l'Histoire. Si<br />

Napoléon fut, comme le vou<strong>la</strong>it Taine, nn condottiere, l'âge dans lequel il a vécu<br />

ne le favorisa pas seul et les révolutions qui ont ouvert l'ère contemporaine<br />

offrirent à l'audace et à <strong>la</strong> virtu <strong>de</strong>s facilités analogues à celles que l'Italie avait<br />

données à ses officiers, à ses poètes, à ses artistes.<br />

Près <strong>de</strong> ces légis<strong>la</strong>teurs, <strong>de</strong> ces g'énéraux, procureurs ignorés, sous-officiers<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> veille, qui, sans cette crise que seuls quelques-uns d'entre eux avaient<br />

préparée, seraient morts en gardant leur secret, les peintres ne seronl-ils pas<br />

(1) Taine, Les Orir/ines <strong>de</strong> <strong>la</strong> France coiilempoi'aine, le régime mo<strong>de</strong>rne, t. I, lit, m, ii.<br />

(2) Taine, op. cit., III, m, m, p. 318.<br />

(3) Cité par Taine, op. cit., p. 345.

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