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La peinture romantique, essai sur l'évolution de la peinture française ...

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— 2o;; —<br />

à <strong>la</strong> <strong>sur</strong>face, enchaîne nos idées, ef les rend coniniunlcables par l'intermédiaire<br />

<strong>de</strong> signes exacts.<br />

A ces <strong>de</strong>ux parties <strong>de</strong> nous-mêmes, que Pascal appe<strong>la</strong>it <strong>la</strong> raison et le cœur,<br />

répon<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s arts différents : à <strong>la</strong> raison, <strong>la</strong> littérature, au cœur, <strong>la</strong> musique et<br />

pour De<strong>la</strong>croix, <strong>la</strong> <strong>peinture</strong>.<br />

<strong>La</strong> prédilection qu'il a pour <strong>la</strong> musique (1) et le peu d'estime re<strong>la</strong>tive qu'il<br />

ressent pour <strong>la</strong> littérature, De<strong>la</strong>croix les <strong>la</strong>isse percevoir à chaque page <strong>de</strong> son<br />

journal : « Toutes leurs tragédies, écrit-il en 1824 (2), sont trop positives » ; ce<br />

(jui veut dire qu'elles s'adressent trop exclusivement à <strong>la</strong> manie raisonnante. A<br />

ses yeux, <strong>peinture</strong> et littérature se développent dans <strong>de</strong>s domaines tout à fait<br />

distincts. Aussi n'essaye-t-il pas <strong>de</strong> mettre entre ses jugements littéraires et ses<br />

préférences artistiques un accord apparent : ce sont choses qui ne se ressemblent<br />

ni ne se comparent : il juge les lettres d'après l'idéal qu'il leur propose c'est-à-<br />

dire l'accord avec <strong>la</strong> raison et, par conséquent, il les veut avant tout logiques ;<br />

ce<strong>la</strong> n'a rien à voir avec ses théories <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>peinture</strong> dont l'idée est tout autre.<br />

Il n'aime pas les transpositions d'art et reproche à Victor Hugo, à <strong>La</strong>martine et<br />

aux Lyriques <strong>de</strong> les avoir tentées.<br />

<strong>La</strong> musique est imprécise et remue l'âme violemment sans que <strong>la</strong> raison y ait<br />

<strong>la</strong> moindre part. Le caractère ondoyant <strong>de</strong> cet art, qui ne s'impose pas, mais se<br />

transforme, se métamorphose pour chacun <strong>de</strong> nous et pour chacune <strong>de</strong> nos dis-<br />

positions, en est, aux yeux <strong>de</strong> De<strong>la</strong>croix, le premier mérite. Le musicien pénètre<br />

profondément, tandis que le littérateur caresse à fleur <strong>de</strong> peau. L'un n'éveille que<br />

<strong>la</strong> curiosité, l'autre vous prend et vous subjugue. Le poète nous effleure à peine ;<br />

<strong>la</strong> musique établit entre les âmes une directe communication ou, pour mieux<br />

dire, une communion.<br />

P<strong>la</strong>cée entre ces <strong>de</strong>ux formes d'art si tranchées, <strong>la</strong> <strong>peinture</strong> pourrait hésiter<br />

<strong>sur</strong> ses voies ; mais, selon De<strong>la</strong>croix, ce serait lui faire faire fausse route que <strong>de</strong><br />

l'engager dans le sentier littéraire. Les lignes, les formes et les couleurs, non<br />

plus que les sens, ne se prêtent à l'expression nette et distincte d'une idée logique<br />

ou d'un sentiment précis. <strong>La</strong> recherche <strong>de</strong> semb<strong>la</strong>bles effets les détourne même<br />

<strong>de</strong> leur but et se poursuit au dépens <strong>de</strong> l'art (3).<br />

Jusqu'à ce point, De<strong>la</strong>croix est d'accord avec les autres Romantiques, mais, à<br />

partir <strong>de</strong> ce moment, il va se séparer d'eux et les dépasser infiniment. Pour ne<br />

pas tomber dans <strong>la</strong> littérature, <strong>la</strong> <strong>peinture</strong> sera-t-elle obligée <strong>de</strong> se restreindre<br />

(1)<br />

u 11 n'y a rien à comparer à l'émotion que donne <strong>la</strong> musique : elle exprime <strong>de</strong>s nuances incompa-<br />

rables. Les dieux, pour qui <strong>la</strong> nourriture terrestre est trop grossière, ne s'entretiennent certainement<br />

qu'en musique. » Eusf. De<strong>la</strong>croix, Journal, 20 janvier 1855.<br />

(2) Journal, i mars 182i.<br />

(3)<br />

(' <strong>La</strong> <strong>peinture</strong> est plus vague que <strong>la</strong> poésie nia<strong>la</strong>ré sa forme arrêtée ])our nos yeux. C'est un <strong>de</strong> ses<br />

])lus çrrands charmes. > Journal, 11 janvier 185".

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