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La peinture romantique, essai sur l'évolution de la peinture française ...

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On sait quelle fut, presque à ses débuts, <strong>la</strong> <strong>de</strong>stinée du Musée. <strong>La</strong> Convention,<br />

imitée par le Directoire, y versa les trésors <strong>de</strong> l'Europe occi<strong>de</strong>ntale. En vain,<br />

les artistes protestèrent-ils, dans une pétition où <strong>de</strong>s raisons ar(isti(nies assez<br />

mauvaises remp<strong>la</strong>çaient le g-rand argument <strong>de</strong> justice qu'il eùl fallu seul invoquer<br />

(1). Bonaparte, qui rêvait déjà <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> Paris une ville géante, stipule,<br />

dans ses traités, <strong>de</strong>s cessions <strong>de</strong> tableaux et d'œuvres d'art.<br />

Le Louvre offrit alors un spectacle dont aucun musée actuel ne saurait donner<br />

une idée (2). On avait pris aux F<strong>la</strong>ndres, VAgneau mystique <strong>de</strong> Van Eyck, <strong>la</strong><br />

Descente <strong>de</strong> croix d'Anvers, <strong>de</strong> Rubens ; à l'Allemagne <strong>de</strong>s Kranach, <strong>de</strong>s Holbein,<br />

<strong>de</strong>s Durer. Les petits-maîtres Hol<strong>la</strong>ndais, les Dou, les Osta<strong>de</strong>, les Brauwer,<br />

les Rujsdael et les Backhujsen escortaient à Paris les Rembrandt. L'Italie,<br />

<strong>sur</strong>tout, avait été privée <strong>de</strong>s plus beaux fleurons <strong>de</strong> sa couronne. <strong>La</strong> Vision<br />

cVEzécJiieJ. <strong>la</strong> Transfiguration, Sainte Cécile, Léon X, le Cardinal Inghirami,<br />

<strong>de</strong> Raphaël; <strong>la</strong> Sainte Agathe <strong>de</strong> Sébastien <strong>de</strong>l Pionibo, <strong>la</strong> Judith d'Allori, <strong>la</strong><br />

Sainte Pétronille du Guerchin avaient mis en <strong>de</strong>uil Rome, Florence et Bologne;<br />

et Venise s'était vu enlever VAnneau <strong>de</strong> Saint Marc, <strong>de</strong> Bordone, le Martyre <strong>de</strong><br />

Saint Pierre, <strong>de</strong> Titien, le Miracle <strong>de</strong> Saint Marc, <strong>de</strong> Tintoret. Le Louvre était<br />

<strong>de</strong>venu le Musée <strong>de</strong>s Musées <strong>de</strong> l'Europe (3).<br />

Au sortir <strong>de</strong>s ateliers <strong>de</strong> leurs maîtres, installés au Louvre même, les jeunes<br />

artistes vinrent y <strong>de</strong>ssiner et y méditer. Parmi tant <strong>de</strong> chefs-d'œuvre, ils purent<br />

choisir ceux vers lesquels les attiraient leurs tempéraments; les dédains, les<br />

préventions <strong>de</strong> l'Ecole cédèrent. <strong>La</strong> compréhension artistique se fit plus <strong>la</strong>rge<br />

et <strong>la</strong> Sympathie, étouffée par les règles inflexibles, y put renaître.<br />

C'est là que se prépara <strong>sur</strong>tout <strong>la</strong> Révolution. C'est là que se formèrent<br />

Bonington, De<strong>la</strong>croix (4), Géricault. Parfois aussi, ils allèrent s'inspirer au Musée<br />

du Sénat Conservateur, installé dans les galeries du Pa<strong>la</strong>is du Luxembourg, où<br />

ils purent comparer aux œuvres <strong>de</strong>s maîtres vivants <strong>la</strong> Vie <strong>de</strong> saint Bruno, <strong>de</strong><br />

Lesueur, et <strong>sur</strong>tout <strong>la</strong> Vie <strong>de</strong> Marie <strong>de</strong> Médicis, <strong>de</strong> Rubens.<br />

Les heures, qu'ils passèrent ainsi à <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r aux maîtres dispaïus le secrcl<br />

(1) Pflition eiiroyi'e au Directoire, le i% thermidor un IV (l.'l août 1790) contre le projet <strong>de</strong> transporter à<br />

Paris les chefs-d'œuvre étrangers ou anciens. Parmi les signatures, on remar(|uc celles <strong>de</strong> : Valeiiciennes,<br />

David, Duniont, Soufflot, Vien, Lethière, GiroJet, (Juatremère Ouincy, Boizot, Fontaine, Percier, Giraud,<br />

Michallon. Lire (dans Delécluze, David, p. 340) une coaversation curieuse <strong>de</strong> David, en 1798, à ce sujet.<br />

Une contre-pétition fut faite, le 12 vendémiaire, en faveur du transport <strong>de</strong>s oeuvres étran2;ères. Isabev,<br />

Regnault, Gérard, Vernet, Chau<strong>de</strong>t et Lenoir l'avaient signée.<br />

(2) Despois, Vandalisme révolutionnaire, XI, ii.<br />

(3| Notice <strong>de</strong>s tableaux <strong>de</strong>s écoles <strong>française</strong> et f<strong>la</strong>man<strong>de</strong> exposés dans <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> galerie dont l'ouverture a<br />

eu lieu le 18 germinal an VU et <strong>de</strong>s tableaux <strong>de</strong>s écoles <strong>de</strong> Lombardie et dje Bologne dont l'exposiliona eu lieu<br />

le 25 messidor an IX. — .\otice <strong>de</strong> plusieurs précieux tableaux recueillis à Venise, Florence, Xaples, Turin<br />

et Bologne, exposés dans <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> salle du Musée, ouvert le 27 thermidor an XI.<br />

(i) Journal, 19 mars 1824; 30 mars 1824.

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