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La peinture romantique, essai sur l'évolution de la peinture française ...

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— I(i3 —<br />

tique est, au coutrairr, uue SAinplionie complexe. Les chanteurs y figurent à<br />

coté (les violons, <strong>de</strong>s cors et <strong>de</strong>s basses, mais ils ne préten<strong>de</strong>nt pas les dominer<br />

et parfois ils s'astreignent à les accompagner et à les mettre en valeur. Dans le<br />

<strong>de</strong>ssein général <strong>de</strong> l'œuvre, <strong>la</strong> voix humaine est un instrument plus souple et<br />

plus riche que d'autres, mais non d'une essence différente, et qui s'associe aux<br />

autres pour l'impression totale.<br />

Ce morceau <strong>de</strong> toile rectangu<strong>la</strong>ire que le Davidien remplissait comme il le<br />

pouvait, après avoir porté l'intérêt <strong>sur</strong> un point unicjue, il n'en est phis un coin<br />

qui, pour le Romanticiue, ne <strong>de</strong>vienne intéressant et qui ne contribue à déter-<br />

miner le cai'actère <strong>de</strong> l'ouvrage. Entre les quatre baguettes dorées du cadre se<br />

développe une symphonie <strong>de</strong> lignes, <strong>de</strong> formes, <strong>de</strong> couleurs et <strong>de</strong> lumières où<br />

rien ne s'eff'ace, dont rien ne doit être discordant, où aucune partie ne vaut par<br />

elle-même, mais où tout se tient et se lie pour donner à l'œil une impression<br />

complexe et unique. En un mot le Romantique, à l'encontre du Davidien, s'ef-<br />

force <strong>de</strong> faire un tableau.<br />

L'œuvre davidienne paraissait vi<strong>de</strong>. Les scènes du Serment <strong>de</strong>s Horaces, <strong>de</strong><br />

Thésée et Hippolyte, (ÏAndromaque, ont l'air, littéralement, <strong>de</strong> se passer dans<br />

<strong>de</strong>s chambres démeublées. Point trop <strong>de</strong> personnages, pour ne pas disperser<br />

l'eff'et ; point trop d'accessoires, pour ne pas écraser les personnages.<br />

Le tableau <strong>romantique</strong> veut paraître ^/em. Comme en un bas-relief on ne veut<br />

pas qu'il ofî"re <strong>de</strong> creux, <strong>de</strong> ces parties vi<strong>de</strong>s qui attirent fatalement l'œil et qui<br />

sont une gêne et une pauvreté. Pour revenir à l'exemple que nous avons choisi,<br />

combien Devéria a-t-il accumulé <strong>de</strong> personnages, d'étoff'es, <strong>de</strong> tapis, <strong>de</strong> tentures,<br />

avec quelle exubérance il a entassé dans sa toile tout ce qui, hommes et choses,<br />

pouvait servir à compléter l'éc<strong>la</strong>tante fanfare qu'il vou<strong>la</strong>it rendre.<br />

Où rési<strong>de</strong> l'intérêt? est-ce dans <strong>la</strong> reine <strong>de</strong> Navarre pâmée <strong>sur</strong> son lit, est-ce<br />

<strong>sur</strong> le vieux prince qui soulève dans ses bras le nouveau-né, est-ce dans le nain<br />

insolent on <strong>sur</strong> son perroquet, <strong>sur</strong> ce tapis rouge ou <strong>sur</strong> ces manteaux? Sur tout<br />

à <strong>la</strong> fois, <strong>sur</strong> l'ensemble <strong>de</strong>s mouvements combinés, <strong>de</strong>s taches harmonieusement<br />

fondues, <strong>sur</strong> le tableau où tout s'accor<strong>de</strong> à <strong>la</strong>isser une impression générale <strong>de</strong><br />

vitalité chau<strong>de</strong> et riche.<br />

Est-il pas évi<strong>de</strong>nt que le sujet, que l'anecdote entre en tout ce<strong>la</strong> pour une faible<br />

part? Il fal<strong>la</strong>it un prétexte à réunir ces personnages magnifiquement habillés<br />

dans un cadre somptueux ; il fal<strong>la</strong>it même un sujet pour que le public qui, en<br />

gran<strong>de</strong> majorité, n'entend rien aux choses <strong>de</strong> l'Art, éprouvât quelque désir <strong>de</strong><br />

voir l'œuvre et du p<strong>la</strong>isir à <strong>la</strong> c(jnteuipler. Mais le peintre pensait à tout autre<br />

chose, et je mets en fait (jue Devéria ne s'intér<strong>essai</strong>t pas plus à <strong>la</strong> naissance<br />

d'Henri IV que Oranger au sort d'Homère altarjué par les chiens <strong>de</strong> G<strong>la</strong>ucns ou<br />

ipie Berllion aux terreurs d^hcsle.<br />

Dans le tableau <strong>romantique</strong>, l'homme cesse donc d'occuper une p<strong>la</strong>ce privilé-

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