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La peinture romantique, essai sur l'évolution de la peinture française ...

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point d'r-tro presque insaisissable, comme dans <strong>la</strong> musique; <strong>de</strong> loute manière,<br />

c'est lui (jui donne à l'art son caractère spéc'ifique. Ce sont les exigences <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

matière qui délermineul les idées ou les sensations ([ue l'artiste peut travailler<br />

à pi'odiiire; ce sont elles aussi «pii lui imposent le <strong>la</strong>ngage d;ins leipiel il est<br />

obligé <strong>de</strong> traduire sa pensée. Clia(|ue art a donc son domaine propre et son système<br />

particulier d'expression.<br />

De totis les arts du <strong>de</strong>ssin, <strong>la</strong> <strong>peinture</strong> esl celui dont le doimiine est le plus<br />

('tcudii cl celui aussi doni les moyens tr(^xpressiou sont le [)lus riches.<br />

L'arcliilecture nous offre <strong>de</strong>s cond)inaisons <strong>de</strong> lignes, <strong>de</strong> <strong>sur</strong>faces ou <strong>de</strong> volu-<br />

nu's monoclirouu's ou coloi'és. <strong>La</strong> sculplure infiniun^nl |>lus sou])le dévelo|)pe <strong>la</strong><br />

sensation <strong>de</strong> <strong>la</strong> forme mais, par <strong>la</strong> contrainte nuune <strong>de</strong> <strong>la</strong> matière, elle n'em-<br />

brasse pas <strong>la</strong> fornu' (oui entière et, (piand bien même elle s'enrichirait <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

couleur, elle ne s'affrauchil pas du mon<strong>de</strong> extérieur, ne crée pas son milieu et<br />

subit les caprices <strong>de</strong> <strong>la</strong> lumière à hupudle elle est exposée.<br />

<strong>La</strong> <strong>peinture</strong> perd les sensations <strong>la</strong>cliles <strong>de</strong> ses aînées, mais elle ne renonce à<br />

aucun <strong>de</strong> leurs éléments d'intérêt. Elle dit <strong>la</strong> ligne, <strong>la</strong> forme et <strong>la</strong> couleur. Mais<br />

elle d(''veloj)pe ces éhuiienls sans limile cl leur en ajoute d(> nouveaux. En effet,<br />

elle s'est déjà, en gran<strong>de</strong> partie, alfrancliie <strong>de</strong> <strong>la</strong> matière. Au lieu <strong>de</strong> créer,<br />

comme l'architecture et <strong>la</strong> sculpture, <strong>de</strong>s objets nuUériels, elle n'en offre plus<br />

({ue le sigiH'. Des dimensions <strong>de</strong> l'espace elle a su|i])rinu'' le volume : elle ne<br />

copie plus les formes, nuiis elle en j)i-(''sente <strong>la</strong> projeci U)n <strong>sur</strong>' un j)<strong>la</strong>n. Elle n'est<br />

pas un sNslènie <strong>de</strong> reproduction, mais un sysiènu' <strong>de</strong> Iransci'iption <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature.<br />

Aussi, les lignes et les formes les plus complexes ue lui échappent pas, et<br />

délivrée du souci <strong>de</strong> <strong>la</strong> pesanteur et <strong>de</strong> <strong>la</strong> stabilité, elle peut, déi'ober ses inter-<br />

prétations aux lois même <strong>de</strong> <strong>la</strong> matière. Toute <strong>la</strong> luiluic lui appartient et elle<br />

dépasse <strong>la</strong> nat ur(^ Le réel et le possible sont <strong>de</strong> sou domaine et elle peut leur<br />

préférer l'irréel eL l'impossible. Enfin, ])ar une propriété nouvelle et essentielle,<br />

<strong>la</strong> <strong>peinture</strong> crée son milieu : elle a sa lumière et ses ombres, son soleil et sa<br />

nuit. Elle s'isole absolument <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalité : elle est un mon<strong>de</strong> en soi.<br />

De même (pie son doiiiaiiie est immense, ses nHjyens d'exiMM^ssion sont sans<br />

limite. Toutes les impressions ipie l'ceil est susceptible <strong>de</strong> recevoir, elle est<br />

ca|)able <strong>de</strong> les provoipier. Ligues, formes, couleurs, lumières, toutes les harmo-<br />

nies lui a])partieumMit . Elle les combine sehui son p<strong>la</strong>isir, fait prédominer celles<br />

([ii'il lui p<strong>la</strong>ît <strong>de</strong> choisir, les isole ou les r(''iinit. Pi'écise ou vague, étince<strong>la</strong>nte<br />

ou \(iloMtaii-emeiil terne, c'est une <strong>la</strong>iii^iie aux mille tlexions.<br />

Le peintre, selon son tempérament, selon son éducation et ses prédisposi-<br />

tions, peut être |)lus fraj)pé du nombre d'idées qu'il peut ex|iriiner dans son<br />

œuvre; il peut, au contraire, être <strong>sur</strong>tout sensible au charme particulier <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>la</strong>iii^iie dans <strong>la</strong>([uelle il s'exprime. De ses préférences dé|)eud <strong>la</strong> sinnitical ion et<br />

<strong>la</strong> \aieiii' <strong>de</strong> son I<br />

i;i\ ail.

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