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La peinture romantique, essai sur l'évolution de la peinture française ...

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cru qu'ils étaient appelés à doniuT un enseignement; ils ne se sunl point souciés<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur morale <strong>de</strong> leurs œuvres. Moralité et Art sont <strong>de</strong>ux domaines<br />

qui, pour eux, ne se pénètrent pas. Ils ont, sans doute, app<strong>la</strong>udi aux pages éc<strong>la</strong>-<br />

tantes dans lesquelles Théophile Gautier développait, on sait avec quelle vio-<br />

lence, avecquelle verve mag-nifique et insupportable, sa théorie <strong>de</strong> l'indépendance<br />

<strong>de</strong> l'art.<br />

<strong>La</strong> préface <strong>de</strong>s Premières Poésies et celle <strong>de</strong> Ma<strong>de</strong>moiselle <strong>de</strong> Maujiin reflè-<br />

tent les exagérations du <strong>la</strong>ngage d'atelier lorsque, dans l'intimité, on se grise<br />

<strong>de</strong> ses propres idées et l'on accable <strong>de</strong> mépris tout contradicteur : « Je ne sais,<br />

écrit Gautier, qui a dit, je ne sais où, ({ue <strong>la</strong> littérature et les arts influaient <strong>sur</strong><br />

les. mœurs. Qui que ce soit, c'est indubitablement un grand sot... Rien <strong>de</strong> ce<br />

qui est beau n est indispensable à <strong>la</strong> vie... Il n'y a <strong>de</strong> vraiment beau que ce qui<br />

ne peut servir à rien; tout ce qui est utile est <strong>la</strong>id, car c'est l'expression <strong>de</strong><br />

quelque besoin. »<br />

Quand il énonçait ces paradoxes superbes, (îautier ne se doutait certes point,<br />

et les peintres <strong>romantique</strong>s ne savaient pas non plus, que les vérités ainsi compromises<br />

avaient été formulées, avec simplicité et ampleur, par les penseurs<br />

allemands du début du siècle, par Hegel, par Schelling, par Schiller ou par<br />

Lessing. C'est là qu'ils auraient pu chercher <strong>la</strong> justification <strong>de</strong> leur pratique.<br />

« Sans doute, disait Hegel ( I ), l'art en lui-même n'a jamais pour but l'immo-<br />

ralité, mais il ne se propose pas non plus <strong>de</strong> produire un eff^et moral. De toute<br />

production <strong>de</strong> l'art d'un caractère pur, on peut dégager une idée morale; mais<br />

il faut pour ce<strong>la</strong> une explication, et <strong>la</strong> morale appartient à celui qui sait <strong>la</strong> tirer. »<br />

— « Toute considération cpii peut influer <strong>sur</strong> les arts p<strong>la</strong>stiques, écrivait Les-<br />

sing (2),<br />

si elle est inconciliable avec <strong>la</strong> beauté, doit lui cé<strong>de</strong>r complètement et<br />

si elle ])eut se concilier avec elle, doit du moins lui être subordonnée. »<br />

Schelling (:{) re[)renait les mêmes propositions d'une façon plus complète et<br />

défendait l'art non seulement contre <strong>la</strong> morale ou l'utile, mais aussi contre le<br />

p<strong>la</strong>isir : « C'est, proc<strong>la</strong>inail-il en une page capitale, cette indépendance <strong>de</strong> toute<br />

lin étrangère (jui fait <strong>la</strong> sainteté et <strong>la</strong> pureté <strong>de</strong> l'art, et celles-ci vont si loin<br />

qu'il repousse toute alliance avec ce qui n'est que p<strong>la</strong>isir (alliance qu'il est du<br />

caractère propre

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