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La peinture romantique, essai sur l'évolution de la peinture française ...

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— 1:57 —<br />

ou (les pièces aiialoini(|ii('s cl, si (juchjiic chose <strong>la</strong> frappé et intéressé c'est l'étu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>s déformai ions nuiscuiaires produites par l'insanité, les altérations matérielles<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> physionomie.<br />

Au moment où il ébauchait lu Méch{se. il recherchait les types ma<strong>la</strong>difs pt l'on<br />

raconte qu'il montra nn véritableenthousiasmeà <strong>la</strong> Aue d'un <strong>de</strong> ses amis, atteint<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> jaunisse, qui lui présentait précisément un modèle tel qu'il en rêvait un (1):<br />

qu'est-ce à dire, sinon (|u"il était soucieux <strong>de</strong> parfaire son œuvre et (jue, dans <strong>la</strong><br />

poursuite du caractère, il ne s'inquiétait pas <strong>de</strong> <strong>la</strong> beauté.<br />

Sans exclusion, sans contrainte, Géricault parcourt tout le champ <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalité<br />

matérielle. Il l'embrasse tout entière, mais, au <strong>de</strong>là, il ne voit rien. Comme<br />

Rubens auquel sescamara<strong>de</strong>s, chez Guérin, aimaient à le comparer, il n'imagine<br />

que <strong>de</strong>s formes et ne s'écarte pas <strong>de</strong> <strong>la</strong> vérité corporelle. Aussi fuit-il les sujets<br />

religieux: il préfère «aux Sacrés-Cœurs les écuries» (2) et, si le joouvernement<br />

lui comman<strong>de</strong> un tal)leau d'autel, il se dérobe et désigne à sa p<strong>la</strong>ce De<strong>la</strong>croix (3).<br />

Par contre, dans le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie, il s'élève, sans effort, aux conceptions<br />

les plus vastes et sa pensée revêt une mâle poésie et une sorte <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur. <strong>La</strong><br />

réalité (|u'il poursuit et qu'il est capable <strong>de</strong> serrer dans ses plus infimes particu-<br />

<strong>la</strong>rités n'est pas pour lui une série d'anecdotes mesquines, d'épiso<strong>de</strong>s sans liens.<br />

Son imagination <strong>la</strong> dépouille <strong>de</strong>s traits accessoires et superficiels; il ne <strong>la</strong> limite<br />

pas à un instant ilc <strong>la</strong> durée; par <strong>de</strong>là les temps et les âges, il <strong>la</strong> généralise et,<br />

sans lui rien enlever <strong>de</strong> sa précision, il <strong>la</strong> perçoit dans son essence; il compose<br />

<strong>de</strong>s scènes humaines qui n'emprtintent point leur intérêt aux circonstances,<br />

scènes éternelles, scènes épiques.<br />

Si le Ra<strong>de</strong>au <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méduse est, en gran<strong>de</strong> partie, une scène <strong>de</strong> naufrage au sens<br />

le plus vague du mot, <strong>de</strong>s compositions comme <strong>la</strong> Course <strong>de</strong>s chevaux libres ou<br />

VAbattoir ont <strong>la</strong> splen<strong>de</strong>ur sereine <strong>de</strong> <strong>la</strong> vérité immuable. Avant Millet, peintre<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> vie rurale et chantre <strong>de</strong> l'épopée <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre, Géricault voit les choses sous<br />

l'angle <strong>de</strong> l'éternité.<br />

Ce n'est pas, on le pense, du premier coup qu'il bondit du contingent à l'ab-<br />

solu. Depuis l'anecdote qui l'inspire jusqu'à l'œuvre où elle s'épure, une é<strong>la</strong>bo-<br />

ration lente s'accomplit par <strong>de</strong>s tentatives, <strong>de</strong>s ébauches successives où <strong>la</strong> <strong>la</strong>rve,<br />

avant <strong>de</strong> <strong>sur</strong>gir papillon, se fait chrysali<strong>de</strong>.<br />

Pour <strong>la</strong> Course <strong>de</strong>s chevaux libres qu'il médita longtemps et do.it <strong>la</strong> mort<br />

l'empêcha <strong>de</strong> commencer seulement l'exécution définitive, nous pouvons suivre<br />

pas à })as <strong>la</strong> genèse et <strong>l'évolution</strong> <strong>de</strong> sa pensée.<br />

Géricault avait vu, à Rome, <strong>la</strong> course <strong>de</strong>s Barbcrii dont le caractère pittorescpie<br />

(i) Cleraenl, op. cil., p. .132.<br />

(i) Lettre d'Ana^leterre, 12 février I82I.<br />

(3) En 1829, le comte <strong>de</strong> Forbin lui avait commandé une Notre-Dame-<strong>de</strong>s-Douleurs pour <strong>la</strong> maison du<br />

Sacré-Crpur à Nantes; (iéric.Tult en confia l'exécution à son ami De<strong>la</strong>croi.v.

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