14.07.2013 Views

La peinture romantique, essai sur l'évolution de la peinture française ...

La peinture romantique, essai sur l'évolution de la peinture française ...

La peinture romantique, essai sur l'évolution de la peinture française ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

— ISI —<br />

A ct's sujcls lustonquos, lillérairt's ou l'xcjlujues, où le Romaiilisuie se tléploya<br />

avec un même bonheur, les sujets religieux s'opposaient par une essentielle<br />

différence. Il fal<strong>la</strong>it, pour y réussir, que le peintre parlât <strong>sur</strong>tout à l'àuie. Il<br />

avait pu méconnaître <strong>la</strong> philosophie <strong>de</strong> l'histoire, il lui était impossible <strong>de</strong> pein-<br />

dre une scène sacrée sans signification. Est-ce à dire que l'inspiration religieuse<br />

tût interdite aux Romantiques. Oui, certainement, si le <strong>la</strong>ngag-e <strong>de</strong>s sens ne<br />

s'adresse qu'aux sens mêmes ; mais, s'il est possible, par les sens, <strong>de</strong> pénétrer jusqu'à<br />

l'âme, il ne lui était pas défendu <strong>de</strong> tenter celte périlleuse aventure. Nous<br />

verrons que De<strong>la</strong>croix s'y hasarda et qti'il sut y réussir, et c'est pourquoi nous<br />

rang-cons les sujets religieux parmi ceux où triompha le Romantisme.<br />

Bien au coutrair-e, il semble que \o portrait (l) favorisât mal <strong>la</strong> tentative <strong>de</strong><br />

rénovation picturale qu'il avait entreprise.<br />

Si les Ronianti(jues se sentaient véritablement gênés et asservis par le modèle,<br />

combien <strong>de</strong>vaient-ils l'être davantage dans un g-enre où le modèle, au lieu d'être<br />

un secours, une indication pour <strong>la</strong> construction du tableau, <strong>de</strong>venait l'objet<br />

même <strong>de</strong> l'œuvre ; dans un genre où il n'était plus suffisant <strong>de</strong> tracer <strong>de</strong>s figures<br />

vraisemb<strong>la</strong>bles, mais où il fal<strong>la</strong>it rendre une physionomie avec une parfaite exac-<br />

titu<strong>de</strong> et, par <strong>de</strong>là cette ressemb<strong>la</strong>nce matérielle, exprimer <strong>de</strong>s passions, <strong>de</strong>s<br />

idées, un caractère.<br />

Concevoir le portrait comme une œuvre <strong>de</strong> fantaisie, comme un simple pré-<br />

texte à couleurs et à lumières, sans préoccupation <strong>de</strong> <strong>la</strong> ressemb<strong>la</strong>nce phvsique<br />

ou morale, c'est une entreprise que le seul Rembrandt a pu se permettre et qui,<br />

lorsqu'elle n'est pas soutenue par un g-énie exceptionnel, <strong>de</strong>vient une ab<strong>sur</strong>dité.<br />

Cette ab<strong>sur</strong>dité, Louis Bou<strong>la</strong>ng-er ne l'a pas évitée. Logicien intrépi<strong>de</strong>, capable<br />

<strong>de</strong> pousser jusqu'au l)out, et hors <strong>de</strong> totit propos, ses théories, on conserve <strong>de</strong><br />

lui, au musée <strong>de</strong> Dijon, un })ortrait qui certes n'a jamais ressemblé à personne,<br />

morceau <strong>de</strong> bravoure plus (|ue médiocre et témoig'uag'e <strong>de</strong>s sottises auxquelles<br />

peut eng^ag-er une véril('' mal comprise.<br />

Sans aller jusqu'à ces excès et sans prétendre y gar<strong>de</strong>r sa pleine liberté, le<br />

|)eintre i-omantique pouvait cependant en conserver une gran<strong>de</strong> partie et réduire<br />

au minimum l'oljUgation d'exactitu<strong>de</strong> qui est <strong>la</strong> première loi du portrait. Après<br />

tout, l'individualité se résume pour nous dans le visag"e : si ce visag'e est observé<br />

avec pénétration, le reste peut être développé par <strong>la</strong> fantaisie. Bien plus, dans<br />

le visage même, si les traits caractéristi(|ues ont d'abord été fixés, on oubliera<br />

<strong>de</strong>s erreurs ou <strong>de</strong>s inexactitu<strong>de</strong>s volontaires dans <strong>la</strong> construction g'énérale du<br />

modèle.<br />

(I) On trouvera peu <strong>de</strong> choses dans Marque! <strong>de</strong> Vasselot, Histoire du Pnrlrriit en France. 1880, et dans<br />

le livre <strong>de</strong> Raphaël Pinsetet Jules d'Auriac, <strong>sur</strong> le même sujet.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!