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La peinture romantique, essai sur l'évolution de la peinture française ...

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— is;; —<br />

A colli" iiirlliddc iiit'|)i-isal)lo s'opposail le paysage liistorique, le seul dii^ne<br />

d'uM aiMisIe Français. « On entend par slyle liistorique, dit Deperthes, l'art <strong>de</strong><br />

eoniposer <strong>de</strong>s sites d'après un choix <strong>de</strong> ce que <strong>la</strong> nature a produit <strong>de</strong> plus beau<br />

et <strong>de</strong> plus grand, et d'y introduire <strong>de</strong>s personnages dont l'action, soit qu'elle<br />

rappelle un trait historique, soit qu'elle présente un sujet idéal, puisse intéresser<br />

vivement le spectateur, lui inspirer <strong>de</strong> nobles sentiments, ou donner essor à son<br />

imag'ination. »<br />

Tout d'abord, l'artiste « choisit dans <strong>la</strong> nature, telle cju'elle se présente à ses<br />

regards, les productions les plus parfaites; il s'y attache exclusivement, il les<br />

médite avec atlenlion (h. » 11 ne j)rend, dans le spectacle <strong>de</strong>s choses, que <strong>de</strong>s<br />

éléments qu'il transforme et son art brille <strong>sur</strong>tout en cette transformation. « Si<br />

l'élu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature est indispensable, elle ne doit être considérée que comme<br />

un moyen secondaire dans un genre qui, pour être traité convenablement, exig-e,<br />

avant tout, le génie <strong>de</strong> l'invention, et cette pureté <strong>de</strong> goût qui peut seule diriger<br />

les inspirations du génie ('1). »<br />

Mais le paysage ne se soutient pas par lui-même :<br />

« Ce n'est pas tout que le<br />

paysagiste, à force <strong>de</strong> travaux et <strong>de</strong> constance, ait réussi à saisir l'ensemble d'un<br />

site et à le reproduire aussi fidèlement (ju'il est donné à l'art d'y parvenir. Ce<br />

paysage est d'une vérité parfaite : l'œil y découvre <strong>sur</strong>-le-champ ce qui le frappe<br />

habituellement ; mais il y cherche en vain le mouvement, l'àme et <strong>la</strong> vie qu'il<br />

n'est pas moins habitué à retrouver partout où il jouit <strong>de</strong> l'aspect <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature :<br />

que manque-t-il donc à <strong>la</strong> copie pour qu'elle rivalise en tout avec l'original ? 11<br />

y manque <strong>de</strong>s figures dont <strong>la</strong> présence peut seule vivifier ce désert et dont les<br />

groupes, distribués avec intelligence <strong>sur</strong> les divers p<strong>la</strong>ns du tableau, remplissent<br />

les vi<strong>de</strong>s qui coupent l'unité et l'oi-donnance ; <strong>de</strong>s figures dont <strong>la</strong> juste propoi-<br />

tion établisse une échelle <strong>de</strong> comparaison... <strong>de</strong>s figures enfin dont l'action ai<strong>de</strong><br />

à compléter l'illusion et send<strong>de</strong> par un charme secret attirer à elle le specta-<br />

teur » {'^).<br />

Ainsi, non seulement <strong>la</strong> nature n'est digne d'entrer dans un tableau qu'avec<br />

<strong>de</strong>s modifications, mais, même modifiée, elle ne soutient pas l'attention par elle<br />

seule et <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à être complétée par l'homme dont, en définitive, le peintre<br />

<strong>de</strong> l'empire ne sait pas détourner les yeux.<br />

Cette doctrine antipittoresque, qui réduit <strong>la</strong> nature à n'être que le décor froid<br />

et solennel <strong>de</strong> scènes plus froi<strong>de</strong>s encore, se complique <strong>de</strong> pratiques qui achè-<br />

(1) Deperthes, op. cil., \>. 210.<br />

(2) Deperthes, op. cit., p. 212. De même Jal, d Le paysa£;e est moius <strong>la</strong> représentation minutieuse <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> nature ([ue l'image <strong>de</strong>s i^rands aspects qu'elle présente à chaque instant. <strong>La</strong> première qualité du<br />

peintre n'est point le maniement <strong>de</strong> <strong>la</strong> brosse, mais le sfénie qui invente, arrange, calcule, prépare les<br />

masses.<br />

•> I,'()i>iI>i-p ilf !}ii!i-fnl au Sainn <strong>de</strong> 1819, p. 137.<br />

(3) l)i'|iiMihrs, |j. IM ; Giro<strong>de</strong>t, Discours prèliniinn ire, I, 30.

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