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ETUDE DE CAS 2 : FRANCISELLA SPP : PATHOGENE BACTERIEN CAUSANT
DES MORTALITES CHEZ LES TILAPIAS D’ELEVAGE.
Chercheur,
Projet SARNISSA,
Institut d’Aquaculture
Université de Stirling
Stirling, Royaume Uni
William Leschen
Cet exposé présente une étude de cas des mortalités qui sont apparues chez les tilapias d’élevage en
2008 et qui a conduit à la première réalisation de l’isolation et de l’identification du pathogène
bactérien Francisella spp chez les animaux aquatiques au Royaume Uni.
Une ferme commerciale d’élevage de tilapias en système « raceway -NDLR : bassins longs et étroits -»
sur eau recirculée, située au nord de l’Angleterre, produisant des tilapias de taille commerciale pour le
supermarché local, a commencé à connaître des mortalités dans un nouveau lot d’alevins(0,5-5g @
20% total ), arrivé par fret aérien et provenant d’un fournisseur asiatique. Le pisciculteur a d’abord
tenté de traiter les poissons qui restaient, néanmoins les mortalités ont continué et après une semaine
les mortalités se sont propagées aux poissons de 20 à 50g du même système. Le fermier a alors
contacté l’Inspection des Maladies des Poissons (CEFAS Weymouth), du gouvernement, qui a pris des
échantillons. Les signes cliniques étaient les suivants. Signes externes : comportement de « flashing »
intermédiaire et léthargie, taches fungiques, exophtalmie, branchies pâles, pétéchies hémorragiques
autour des nageoires pectorales ; signes internes : intestins vides, vésicule biliaire hypertrophiée, la
rate parfois de texture granuleuse et hypertrophiée et reins gonflés. Des échantillons destinés à des
analyses de bactériologie, de parasitologie et de virologie ont été prélevés, ainsi que pour déterminer la
qualité de l’eau. Les premiers résultats étaient négatifs pour tout, les paramètres pour la qualité de
l’eau étaient normaux bien que l’histologie montrait clairement la présence de lésions dans la plupart
des tissus des poissons échantillonnés, avec une réaction évidente de l’hôte sous la forme de
granulomes, surtout dans les tissus de la rate et des reins. Pas de parasites ni d’autres pathologies
n’ont pu être observées. Des échantillons secondaires prélevés pour la biologie moléculaire ont permis
de détecter chez plusieurs poissons un fragment amplifié de 406 paires de bases nucléotidiques
possédant 100% d’identité nucléotidique avec une espèce de Francisella, donc positive pour
Francisella spp. décrite auparavant chez le tilapia à Taiwan et en Amérique centrale. Les échantillons
étaient par ailleurs définitivement négatifs pour le pathogène humain Francisella tularensis.
Suite à l’identification de Francisella tous les poissons sur place ont été abattus et retirés, et le lieu et
tout le matériel ont été désinfectés sous la supervision du CEFAS. Suite à la désinfection, les
raceways ont été laissés vides et secs pendant 6 semaines avant d’être remplis à nouveau et restockés
avec des alevins provenant d’un fournisseur connu du Royaume-Uni.
L’étude de cas explique comment l’intensification des systèmes de production des tilapias et le
transfert des jeunes poissons provenant de sources inconnues, ce qui est de plus en plus fréquent dans
plusieurs pays en développement, peuvent beaucoup accroître les facteurs de risques de la maladie
ainsi que les conséquences financières graves pour les producteurs de tilapias. Cela a des implications
importantes, et permet de tirer des leçons, en ce qui concerne la réglementation et le contrôle des
échanges de poissons vivants, pour l’élevage africain de tilapias, alors que l’industrie commence à
augmenter sa production d’alevins afin de devenir une industrie agroalimentaire à part entière.
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