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Q U I G O U V E R N E L A F R A N C E ? N ° 6 8 - Pouvoirs

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Q U E P E U T L E P R É S I D E N T ?Que le président soit la clé de voûte, non seulement des institutionsmais aussi du système de partis est indiscutable puisque c’est le soutienou l’opposition à sa personne et à son action qui vont constituer la lignede clivage à partir de laquelle s’organisent les coalitions. Pierre Avril amontré comment, président après président, s’est mis en place le couplageentre les majorités 1 et Jean-Louis Quermonne a souligné que si lechef de l’État était le leader du parti dominant, il devait à ce titre l’inspirermais aussi savoir éventuellement lui résister 2 .De fait, le président pour diriger la vie politique dirige d’abord leparti majoritaire et accorde un intérêt particulier au choix de celui quien sera, en son nom, le premier responsable : ainsi Georges Pompidou,notamment à l’occasion des Assises de Strasbourg de l’UNR ennovembre 1971, ou François Mitterrand confiant le PS à Lionel Jospinen 1981 mais échouant à le lui faire transmettre à Laurent Fabius en1988. Dans la situation plus incertaine qui est la sienne, c’est toute lamajorité que Valéry Giscard d’Estaing charge Jacques Chirac de coordonneren mai 1976, avant de s’apercevoir que cette organisation ne vapeut-être pas se faire à son profit exclusif. Même souci pour ce qui estde la majorité parlementaire et le chef de l’État a toujours pris soin deplacer un fidèle à la tête du groupe majoritaire, ainsi pour FrançoisMitterrand, Pierre Joxe, André Billardon, Louis Mermaz ou JeanAuroux. Même s’il y a quelques indisciplines mineures, on se souvientde la fronde contre l’amnistie des généraux en octobre 1982 3 , le soutienà la politique présidentielle et à ses traductions gouvernementales estainsi assuré. On voit mal en effet le président du groupe majoritaireorganiser la rébellion de ses troupes comme l’Arcade du bon vieilAnatole préparait la révolte des anges… Cela obligerait le président àappeler l’intrépide au gouvernement pour le calmer ou, si la rébellionétait générale, à dissoudre.Tout ceci laisse à penser que, dans la situation de concordance desmajorités, le président peut tout, ou en tout cas beaucoup : utiliser lespouvoirs que la Constitution lui donne mais aussi « persuader » lePremier ministre d’utiliser sous son contrôle étroit ceux qui lui sont211. Pierre Avril, « Les chefs de l’État et la notion de majorité présidentielle », in OlivierDuhamel et Jean-Luc Parodi éd., La Constitution de la V e République, Presses de la FNSP,1985, p. 166-179.2. Jean-Louis Quermonne, « La présidence de la République et le système de partis », in<strong>Pouvoirs</strong>, n° 41, 1987, p. 93-113.3. Voir Pierre Avril et Jean Gicquel, « Chronique constitutionnelle », in <strong>Pouvoirs</strong>, n° 25,1983, p. 193-194.

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