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Q U I G O U V E R N E L A F R A N C E ? N ° 6 8 - Pouvoirs

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J E A N - L O U I S Q U E R M O N N E72Naturellement, pas plus qu’à l’encontre des personnalités en cause,il n’est question ici d’ouvrir le procès pénal des cabinets ministériels. Atout le moins, doit-on les « mettre en examen ». Car s’ils sont un facteurde corruption de la République, au sens sociologique où l’entend YvesMény, ils ne peuvent être considérés que comme la pièce d’un système.C’est celui-ci que décrit Brigitte Gaïti lorsque, procédant à l’inventairede ses composantes, elle associe « le cumul des mandats, le systèmedu pantouflage, le secret du financement des partis politiques (et) ladilution de la responsabilité politique que permet l’hypertrophie descabinets ministériels 1 ». Or un tel système aboutit nécessairement aumélange des genres et à la confusion des rôles.L’ambiguïté qui en résulte est mal perçue, aujourd’hui, de l’opinion.Certes, l’indemnité que reçoivent les membres des cabinets est faible etle traitement de base qu’ils reçoivent reste, pour la plupart d’entre eux,celui que continue de leur verser leur administration d’origine. Enrevanche, le règlement de leurs notes de frais, leur mode de déplacement(même si ce n’est pas dans les avions du GLAM), leur « droit d’ingérence» dans les services, la respectabilité d’emprunt dont ils jouissent,les rapports de type « féodal » qu’ils entretiennent entre eux et avec leurministre et l’illusion d’être placés au sommet d’une pyramide, sanscompter pour quelques-uns le maniement des fonds secrets, génèrentun climat artificiel et finalement malsain. Par conséquent, malgré l’efficacitéapparente du système, le rapport du XI e Plan et le discours prononcépar le Premier ministre devant l’Assemblée nationale ont raisonde vouloir le corriger.U N S YSTÈME I RRÉFORMABLE ?La seule question pertinente qui reste à se poser est donc de savoir siun tel système coutumier, produit par plus d’un siècle d’habitudes,peut être réellement réformé. Car voilà plusieurs décennies que desréformateurs s’y sont, en vain, essayés. Sans revenir sur les décrets du13 février 1912 et du 28 juillet 1948, ou sur ceux qui ont modifié celuicien 1951 et en 1954, rappelons qu’au seuil de chaque septennat, chacundes quatre présidents de la V e République a prescrit, en Conseil desministres, aux membres du gouvernement de travailler avec leur administrationet de réduire au minimum le rôle et les effectifs des cabinetsministériels. Récemment encore, devenu Premier ministre, Michel1. Brigitte Gaïti, « Sur les “affaires” », Politiques, nº 5, Quai Voltaire, 1993, p. 48.

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