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Q U I G O U V E R N E L A F R A N C E ? N ° 6 8 - Pouvoirs

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J E A N - D E N I S B R E D I N80pour appliquer des droits d’exception et rendre au pouvoir politique lesservices attendus ? Est venue la Constitution de 1958 qui a imaginé unsubtil mélange d’indépendance et de subordination. Le chef de l’exécutif– il est vrai élevé à la dignité d’arbitre du fonctionnement des pouvoirs– est proclamé « garant » de l’indépendance de la Justice, et pourassurer cette noble mission il est entouré d’un Conseil supérieur de lamagistrature dont il désigne tous les membres. Ainsi l’indépendanceest-elle proclamée, mais prudemment tempérée : le général de Gaulleinstallait habilement dans notre loi fondamentale cette tradition héritéede notre histoire. Tradition toujours vivante : les lois d’amnistie viennentpériodiquement nous rappeler la souveraineté de la loi capablemême d’abolir les jugements, et les circonstances exceptionnelles necessent, en France, d’engendrer des modalités exceptionnelles deJustice. Sans doute l’indépendance de la Justice, symbolisée par le costumejudiciaire, n’a-t-elle cessé d’inspirer tout discours républicain surla Justice. Tous les gouvernements l’ont célébrée. De la droite à lagauche cette indépendance est unanimement revendiquée, chacunreprochant à l’autre de vouloir y manquer. Un gouvernement desjuges ? La tradition française l’a toujours redouté, comme une menaceou comme un mythe, et a pris tous les chemins, brutaux ou subtils,pour l’empêcher.6. La réforme constitutionnelle du 27 juillet 1993 nous dirait-elleque les temps vont changer ? Le président de la République demeure le« garant » de l’indépendance de la Justice, mais le nouveau Conseil dela magistrature invente un savant équilibre : il comprendra six juges élusd’une part, et de l’autre six autres membres qui ne sont pas juges (le présidentde la République, le garde des Sceaux, un conseiller d’État, trois« personnalités » désignées l’une par le président de la République, lesdeux autres par les présidents des deux Assemblées). Ainsi la rigoureusebalance des chiffres – six et six – est-elle priée d’assurer à la balance dela Justice l’indépendance tant proclamée. Serait-ce le signe d’un bouleversementde l’équilibre des pouvoirs, la Justice-fonction promise àl’avenir d’un vrai pouvoir ?On observera tous les bouleversements de notre société qui pourraientsuggérer qu’effectivement des temps nouveaux appellent laJustice à un nouveau destin. Des citoyens mieux informés de leursdroits, plus exigeants, plus revendiquants, ne vont-ils pas attendre de laJustice plus de service, et un meilleur service ? Le déclin des anciennes

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