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Q U I G O U V E R N E L A F R A N C E ? N ° 6 8 - Pouvoirs

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G U Y C A R C A S S O N N ENaturellement la coordination n’épuise pas l’action. Elle permetsoit d’accomplir ce qui ne présente plus de problème, soit au contraired’identifier et circonscrire toute difficulté qui subsiste. Dans ce derniercas, il faut que Matignon décide.D ÉCIDER36Dans le méta-langage gouvernemental, cela s’appelle arbitrer. Même sile verbe est passé dans le langage usuel, on n’en dénoncera jamais tropl’inadéquation. Le Premier ministre, lorsqu’il a un différend à trancherentre ses ministres, n’est nullement, en effet, la personnalité neutre, extérieure,qui, au nom de règles préétablies, dicterait la solution. Quelqueacception qu’on donne à la notion d’arbitrage, elle est inadaptée auxdécisions qui conduisent le chef du gouvernement à arrêter une optiondont il sera solidairement comptable avec l’ensemble du gouvernement.Cela dit, on retrouve ici la trace du lieu et de la technique évoquésen matière de coordination. C’est au cours des rencontres interministérielles,quels que soient leurs participants, que surgissent, entre lesdépartements ministériels, des désaccords plus ou moins graves, lesquelsne peuvent être finalement tranchés que par Matignon. La formela plus courante est celle du compte rendu, établi par le SGG, visé parle membre compétent du cabinet du Premier ministre, qui distingueras’il y a lieu, d’une part, le relevé des décisions prises et, d’autre part,ceux des points sur lesquels l’accord n’a pas été possible, et qui supposentque décision définitive soit prise. Selon la nature du litige ou l’éminencede ceux qui le provoquent, la réalité de la décision incomberaau(x) membre(s) compétent(s) du cabinet de Matignon, au directeur ducabinet, voire au Premier ministre lui-même. Mais dans tous les cas c’estce dernier qui assume ces choix, même faits en son nom sur délégationimplicite ou spéciale.Il est clair que le besoin de décisions variera en fonction d’unensemble de paramètres, parmi lesquels figurent, à peu près à égalitéd’influence, la difficulté intrinsèque d’un sujet, la qualité des relationsque les membres du gouvernement entretiennent entre eux, la récurrencede certains conflits traditionnels, par exemple entre ministèresde l’Intérieur et de la Justice, entre ministères de l’Équipement et del’Environnement, ou entre tous les ministères et celui du Budget.A ce stade, l’ampleur des effectifs produit des effets inattendus quel’on pourrait résumer dans une formule paradoxale : plus on dilue, pluson concentre. Plus le pouvoir gouvernemental est partagé entre un

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