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Q U I G O U V E R N E L A F R A N C E ? N ° 6 8 - Pouvoirs

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L A « M I S E E N E X A M E N » D E S C A B I N E T S M I N I S T É R I E L SD’une façon générale, ce vent de réformes s’attaquerait essentiellementau « mélange des genres », tel qu’il résulte depuis plusieursdécennies de ce que nous appelions avec Francis de Baecque, en 1979,l’interpénétration de l’administration et de la politique 1 , et qu’a encorevicié davantage le resserrement de leurs rapports avec les médias. Le« monde clos » qui en résulte est pour beaucoup dans le rejet que manifestent,aujourd’hui, les citoyens à l’égard de la politique. Et une fois cediagnostic établi, il ne serait plus besoin d’aller chercher loin, ni de seretrancher derrière l’alibi de la « commission de Bruxelles », pour expliquerle « déficit démocratique ».Dans un numéro de cette revue, consacré aux rapports de la moraleet de la politique, Paul Ricœur rappelle, à la suite de Hannah Arendt, lafragilité du politique. Elle se reflète dans l’analyse qui précède. L’auteurconclut en observant que cette fragilité « n’est à son tour que l’enversd’une responsabilité des citoyens 2 ». Il conviendrait désormais quecelle-ci s’exerce de telle sorte que les responsabilités confiées par eux àleurs élus soient clarifiées et, par conséquent, séparées de celles del’administration comme de celles des médias. A ce prix, les citoyenspourront se réconcilier un jour avec la politique.751. Les actes de ce colloque, organisé les 30 novembre et 1 er décembre 1979 parl’Association française de science politique, ont été publiés par les Presses de la Fondationnationale des sciences politiques, sous la direction de Francis de Baecque et Jean-LouisQuermonne, sous le titre : Administration et Politique sous la V e République, dans la collection« Références », 2 e éd., 1982.2. Paul Ricœur, « Morale, éthique et politique », in <strong>Pouvoirs</strong>, nº 65, 1993, p. 16-17.R É S U M ÉLes cabinets ministériels constituent une manifestation de l’« exceptionnalité» française. Leur prépondérance répondrait à la volonté de protéger lesadministrations contre les pressions intempestives du monde politique etdes groupes d’intérêt. De nombreuses critiques sont formulées contre lescabinets, leur cloisonnement entre le ministre et ses services, leur précarité,leurs méthodes de travail, leurs systèmes de nomination et l’immunité decertains de leurs membres. On peut légitimement s’interroger sur la capacitédu pouvoir politique à réformer le fonctionnement des cabinets ministérielsoù se mélangent trop souvent administration et politique.

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