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Q U I G O U V E R N E L A F R A N C E ? N ° 6 8 - Pouvoirs

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C O N T R A I N T E É C O N O M I Q U E E T A C T I O N P O L I T I Q U Eavec les Allemands, ils font descendre les taux courts français en dessousdes taux allemands et prétendent acculer la Bundesbank à s’alignersur la France. Les conditions étaient alors réunies pour le jeudi noir.L’enchaînement de la crise devient alors plus lisible : c’est la divergencemacro-économique (nécessité de refroidir en Allemagne pourgérer la réunification, nécessité de relancer en France pour contenir lechômage) et le maintien d’une solidarité monétaire intégrale (refus dedévaluation du franc et de réévaluation du mark) qui préparent le terrain.Toutefois, les marchés dans un premier temps adhèrent au projetde Maastricht et ne se formalisent pas de la divergence. Une premièrealerte intervient en septembre 1992, les pouvoirs publics nationaux eteuropéens sont incapables de trouver une réponse politique. Les marchésfont toutefois à nouveau confiance à Balladur, mais le décrochagemonétaire F/DM mine la solidarité Bundesbank/Banque de France etrend vulnérable le franc. Le refus de la Bundesbank de baisser un tauxcourt alors que cette baisse était largement anticipée suffit à provoquerla crise finale.97Avec la mise en congé du SME que représente l’adoption de bandeslarges de fluctuation, assiste-t-on pour autant à ce triomphe des marchéscontre les États ? Pas davantage. Les marchés ne complotent pas,on ne peut leur prêter une volonté, même si un courant central d’opinionsse forme à un moment donné sur le sort d’une monnaie. Parcontre, les banques centrales et les gouvernements peuvent manifesterune volonté et la traduire en actes. Que s’est-il passé en effet depuis lejeudi noir où la Bundesbank refusa de baisser les taux déclenchant ainsila vague spéculative qui allait emporter la bande étroite du SME ? Ladévaluation du franc et la baisse des taux ne furent tout simplement pasau rendez-vous et même la réprimande publiquement adressée par troisprix Nobel américains à ces obstinés gaulois n’y changea rien. Le pilotagesecret par la BdF des taux courts pour amener le franc à une paritémark aussi proche que possible de celle qui prévalait avant le jeudi noiren est la manifestation la plus tangible. Au moment où cet article estécrit, la suite de l’histoire n’est pas connue, mais l’Europe, pour peuqu’elle le veuille encore, peut par une avancée politique significativeréactiver les croyances et les adhésions qui peuvent intimider les marchés,elle peut aussi, cédant au sentiment de panique qui prévaut danscertains milieux français, laisser l’œuvre commune se détricoter aurythme des hésitations, des faux pas et des défections.

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