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Q U I G O U V E R N E L A F R A N C E ? N ° 6 8 - Pouvoirs

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É L I E C O H E N96et à la défiance des opinions publiques. La première solution est rejetéepar les gouvernements français et allemand, la France ne peut participerà ce qui apparaîtra comme une zone Mark et l’Allemagne ne peutdépouiller la Bundesbank sauf à signer un nouveau traité avec la Francealors que le Traité de Maastricht est encore en phase de ratification. Ladeuxième solution ayant été écartée au moment de la réunification, elledevenait moins crédible quand la poussée spéculative se fit plus intensene serait-ce que par refus des Hollandais. C’est la troisième solution quis’imposa, nourrie par la montée d’un discours anti-européen au sein dela droite française et une réaffirmation par la Bundesbank de ses prérogativesconstitutionnelles, elle ouvrait la voie à la spéculation. Ladébâcle de la gauche ôtait à la politique du franc fort un puissant soutienet remettait l’avenir du SME entre les mains d’un gouvernementfrançais partagé et une banque centrale allemande déterminée à ne plusse faire imposer des mesures à l’efficacité douteuse et à la symboliqueeuropéenne défraîchie. L’Europe est une dynamique créant des étatsinstables, on ne peut briser cette dynamique et s’étonner que les acteursde marché reprennent leurs jeux, d’autant que là résident leur intérêt etleur légitimité 1 .Q UAND LES E RREURS D’ANALYSE ET LESC ONTRAINTES PARTISANES O UVRENT UN B OULEVARDÀ LAS PÉCULATION : LA S TRATÉGIE B ALLADURLorsque É. Balladur arrive au pouvoir, il se fixe un double objectif : lamaîtrise des comptes sociaux et des finances publiques d’une part, labaisse rapide des taux courts perçue alors comme asphyxiante pourl’économie, d’autre part. Pour réussir, il pense disposer de deux atoutsque ne pouvaient avoir les gouvernements socialistes finissants : l’armede la confiance qui irait plus volontiers aux gouvernements conservateurset la détermination vis-à-vis de l’Allemagne, les gaullistes plustièdes sur l’Europe que les socialistes pouvant négocier un compromisstratégique nouveau. Cette politique immédiatement dénoncée par certainséconomistes comme totalement inadaptée à la nature réelle de lacrise va produire des effets heureux sur les marchés. Rassurés par lesérieux d’É. Balladur, les marchés accueillent favorablement la baissedes taux et jouent le franc à la hausse. Grisés par ce succès,E. Alphandéry et É. Balladur pensent alors pouvoir jouer le bras de fer1. Cf. É. Cohen, « Maastricht : des mythes aux enjeux », in Libération, 24 août 1992.

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