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Q U I G O U V E R N E L A F R A N C E ? N ° 6 8 - Pouvoirs

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C E Q U E F A I T M A T I G N O Ngrand nombre de ministres, moins chacun d’eux peut agir sans l’accordd’au moins un autre et souvent davantage, plus fréquent est donc l’appelà Matignon où, par ce mécanisme, se prend un nombre accru de décisions,ce qui concentre le pouvoir entre les mains du chef du gouvernementet de son cabinet. Ce phénomène est purement mécanique. Aucontraire, en présence d’un nombre réduit de ministres, chacun d’eux aplus de chances soit d’être autosuffisant, soit de négocier de puissanceà puissance avec tel ou tel de ses collègues, ne laissant au Premierministre que l’ascendant personnel qui peut être le sien pour éviter queles grands responsables concluent, entre eux et sans lui, des pactes oudes accords momentanés, comme en faisaient les seigneurs de la guerresous le regard impuissant d’un empereur nominal.Parmi les compétences les plus essentielles du Premier ministre,il en est une qui mérite une mention particulière, celle qu’il exerce,généralement dans la seconde quinzaine de juillet, au moment des« lettres-plafond ». Celles-ci, dans les limites générales indiquées par les« lettres de cadrage » du mois de février, indiquent précisément àchaque membre du gouvernement le contenu du futur projet de loi definances en ce qui le concerne. Il peut arriver qu’un ministre soit parvenuà un accord avec son collègue du Budget. C’est l’exception. Lanorme est celle qui conduit le Premier ministre à trancher les désaccords.Il entend ses collègues, écoute leurs arguments, mais finalementdécide seul. C’est à Matignon que sont rédigées les « lettres-plafond »,de Matignon qu’elles sont expédiées et, hormis sur quelques rares dossiersqui lui tiennent spécialement à cœur et qui sont d’ailleurs connusà l’avance, le président de la République s’abstient généralementd’ouvrir aux ministres un droit d’appel. Les décisions de Matignon surle budget, intrinsèquement essentielles, sont donc en plus à peu prèssans recours. C’est assez en dire l’importance.Ainsi, qu’il soit annuel, dans le cas du budget, ou quotidien danstous les autres cas, c’est ce pouvoir de règlement des différends quidonne au chef du gouvernement, plus sûrement qu’aucune de ses attributionsconstitutionnelles, le levier de son intervention. Parce qu’il nepeut décider qu’informé, l’information lui vient naturellement. Parcequ’il ne peut décider qu’éclairé, les arguments opposés sont tous portésà sa connaissance. Parce qu’informées et éclairées, ses décisionsdiminuent raisonnablement – sans jamais le faire disparaître – le risqued’aberration.Bien plus, c’est aussi ce pouvoir de décision qui lui restitue un rôleplus réel qu’on ne dit dans les domaines à l’écart desquels il est habi-37

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