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Un Adolescent Tome 1

Auteur: Fédor Mikhaïlovitch Dostoievski. Roman traduit du Russe par J. W. Bienstock et Félix Fénéon. Langue: Français. Editeur: Eugène Fasquelle, 321 pages, 1923.

Auteur: Fédor Mikhaïlovitch Dostoievski. Roman traduit du Russe par J. W. Bienstock et Félix Fénéon. Langue: Français. Editeur: Eugène Fasquelle, 321 pages, 1923.

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commencé à l’écouter, oui, presque dès le premier mot. Il<br />

faut dire que nous étions attirées par son air sérieux, sévère<br />

même ; il parlait doucement, avec détails, et poliment, – que<br />

dis-je : poliment ?… respectueusement, – et l’on voyait qu’il<br />

ne cherchait rien, qu’il était venu de bon cœur. « J’ai lu votre<br />

annonce dans le journal ; vous l’avez mal rédigée,<br />

mademoiselle, cela pourrait vous faire du tort… » Et il se mit<br />

à expliquer quelque chose à propos de l’arithmétique ;<br />

j’avoue que je n’ai pas bien compris, mais j’ai bien vu qu’Olia<br />

avait rougi ; elle semblait s’animer un peu, comme si cela lui<br />

faisait plaisir de tenir conversation avec un monsieur si<br />

instruit, et elle le remerciait. Il l’a interrogée sur tout, en<br />

grands détails. On voyait qu’il avait vécu longtemps à<br />

Moscou : même, il connaissait la directrice du gymnase,<br />

personnellement. « Je vous trouverai des leçons, sans faute,<br />

car je connais ici beaucoup de monde, et, au cas où vous<br />

voudriez obtenir une place fixe, je peux m’adresser à des<br />

personnes très influentes. En attendant, permettez-moi de<br />

vous poser, bien franchement, une question : Ne puis-je vous<br />

être utile tout de suite en quelque chose ? Ce n’est pas à<br />

vous que je ferai plaisir ; au contraire, c’est vous qui m’aurez<br />

fait un grand plaisir en me laissant vous être utile. C’est tout<br />

simple, et vous me rembourserez dès que vous aurez une<br />

place. Quant à moi, je vous jure sur mon honneur que, si<br />

jamais je tombais dans la misère et que vous soyez hors de<br />

peine, je viendrais tout droit chez vous pour un petit secours,<br />

j’enverrais ma femme et ma fille vous demander aide. » Je ne<br />

me rappelle pas toutes les paroles qu’il a dites ; je sais<br />

seulement que j’avais les larmes aux yeux. « Si j’accepte, a<br />

répondu Olia – et ses lèvres tremblaient, – c’est parce que je<br />

me fie à un homme honnête et humain qui aurait pu être<br />

mon père… » Il lui a dit alors, et très bien, ma foi, en peu de<br />

mots et avec noblesse : « Oui, à un homme humain… » Et il<br />

– 197 –

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