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Un Adolescent Tome 1

Auteur: Fédor Mikhaïlovitch Dostoievski. Roman traduit du Russe par J. W. Bienstock et Félix Fénéon. Langue: Français. Editeur: Eugène Fasquelle, 321 pages, 1923.

Auteur: Fédor Mikhaïlovitch Dostoievski. Roman traduit du Russe par J. W. Bienstock et Félix Fénéon. Langue: Français. Editeur: Eugène Fasquelle, 321 pages, 1923.

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— Laissons les gestes de théâtre, l’un et l’autre… Je sais<br />

que ce que je fais est lâche, que je suis prodigue, joueur, qui<br />

sait ? voleur…, oui voleur, puisque je perds au jeu l’argent de<br />

la famille ; mais je ne souffrirai pas de juge à mes actes. Pour<br />

cet office, je suffis. Et, d’ailleurs, au diable ces équivoques !<br />

S’il avait quelque chose à me dire, il n’avait qu’à me le dire<br />

nettement et sans tant de fadaises. Mais pour me dire<br />

quelque chose il faut en avoir le droit, il faut soi-même être<br />

honnête.<br />

— Primo, n’ayant pas entendu le début de la<br />

conversation, j’ignore au juste de quoi vous parliez. Secundo,<br />

en quoi Versilov est-il malhonnête ? Permettez que je vous le<br />

demande !<br />

— Assez ! je vous en prie, assez !… Vous m’avez<br />

demandé, hier, trois cents roubles : les voici…<br />

Il les posa sur la table, s’assit dans le fauteuil, s’y<br />

renversa, croisa les jambes.<br />

— Je ne sais…, murmurai-je… Il se peut que je vous aie<br />

demandé de l’argent et que j’en aie grand besoin… Mais…<br />

du moment que vous me parlez sur ce ton…<br />

— Laissez le ton. Si j’ai dit quelque chose de vif,<br />

excusez-moi. Ah ! je ne songeais guère à vous offenser… !<br />

J’ai reçu une lettre de Moscou. Mon petit frère, Sacha, est<br />

mort, il y a quatre jours. Mon père, comme vous le savez, est<br />

paralysé depuis deux ans ; j’apprends que son état empire,<br />

qu’il ne peut prononcer un mot, qu’il ne reconnaît personne.<br />

Ils se sont réjouis, là-bas, de l’héritage… Ils veulent<br />

emmener le père à l’étranger ; mais le docteur m’écrit qu’il<br />

ne vivra pas deux semaines encore. Ainsi nous restons, ma<br />

mère, ma sœur et moi… – autant dire que je reste seul… Et<br />

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