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Un Adolescent Tome 1

Auteur: Fédor Mikhaïlovitch Dostoievski. Roman traduit du Russe par J. W. Bienstock et Félix Fénéon. Langue: Français. Editeur: Eugène Fasquelle, 321 pages, 1923.

Auteur: Fédor Mikhaïlovitch Dostoievski. Roman traduit du Russe par J. W. Bienstock et Félix Fénéon. Langue: Français. Editeur: Eugène Fasquelle, 321 pages, 1923.

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camarades ? Sans une seule exception, ils étaient moins<br />

intelligents que moi.<br />

Pour morose que je sois, peut-être me laisserai-je aller à<br />

faire du bien aux hommes, – accès de philanthropie que rien<br />

ne justifiera. Ils ne sont pas si bons, qu’on ait à se soucier<br />

d’eux. Que ne viennent-ils à moi tout droit ! et pourquoi fautil<br />

que je fasse le premier pas ? Je suis susceptible de<br />

reconnaissance, et l’ai prouvé par cent sottises. À un bon<br />

procédé, je suis prêt à répondre par un procédé meilleur ; à<br />

la franchise, par la cordialité. Ce m’a généralement valu des<br />

avanies. Le plus expansif de mes camarades était ce Lambert<br />

qui a si fort rossé mes jeunes ans ; malheureusement c’est à<br />

son imbécillité qu’il fallait savoir gré de sa rondeur. – On voit<br />

à peu près quel était mon état d’esprit quand j’arrivai à<br />

Pétersbourg.<br />

En sortant de chez Diergatchov, je m’étais rendu chez<br />

Vassine. En un élan de sympathie, je lui avais fait des<br />

compliments. Eh bien, dès le soir même, cette sympathie<br />

avait fort décru. Pourquoi ? Précisément, parce que je l’avais<br />

loué : – il me semblait que j’eusse commis une bassesse.<br />

Pourtant ne s’honore-t-on pas en rendant un hommage<br />

spontané à qui le mérite ? Tel était bien mon avis, et, quand<br />

même, je l’aimais beaucoup moins. À Kraft non plus je ne<br />

pensais pas sans amertume. Son méfait : il m’avait<br />

obligeamment reconduit jusqu’à la porte. Et ce sentiment de<br />

malveillance eut peine à disparaître, même quand, le<br />

lendemain, l’événement expliqua les particularités un peu<br />

anormales de notre entrevue. Déjà au lycée j’étais fort<br />

ombrageux. <strong>Un</strong> de mes condisciples réussissait-il mieux que<br />

moi une composition ou me primait-il dans les exercices<br />

physiques, je cessais de lui parler. Non que je le haïsse ou<br />

jalousasse son succès, – mais tel était mon caractère.<br />

– 94 –

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