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Un Adolescent Tome 1

Auteur: Fédor Mikhaïlovitch Dostoievski. Roman traduit du Russe par J. W. Bienstock et Félix Fénéon. Langue: Français. Editeur: Eugène Fasquelle, 321 pages, 1923.

Auteur: Fédor Mikhaïlovitch Dostoievski. Roman traduit du Russe par J. W. Bienstock et Félix Fénéon. Langue: Français. Editeur: Eugène Fasquelle, 321 pages, 1923.

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comme les généraux qu’on décrit dans les feuilles : le général<br />

se pare de toutes ses croix et s’en va chez toutes les<br />

gouvernantes qui font des annonces ; il va, et il trouve ce<br />

qu’il lui faut ; s’il ne trouve pas ce qu’il lui faut, il reste un<br />

peu, promet monts et merveilles et s’en va ; en tout cas il<br />

s’est offert une distraction. » Olia s’est mise à rire par<br />

saccades, durement. Et je vois que ce monsieur lui prend la<br />

main et veut attirer mon Olia contre son cœur : « Je possède<br />

une fortune, mademoiselle, et l’offrirai volontiers à une belle<br />

demoiselle, mais d’abord je me bornerai à baiser sa main… »<br />

Et il veut lui baiser la main. Elle se leva, comme par un<br />

ressort ; moi aussi, cette fois : et nous l’avons chassé toutes<br />

les deux.<br />

» Vers le soir, Olia m’a arraché l’argent, s’est sauvée… À<br />

son retour : « Maman, je viens de me venger d’un monstre ! –<br />

Olia, Olia ! qui sait si tu n’as pas ruiné notre bonheur, si tu<br />

n’as pas offensé un homme noble et vertueux ! » Je me suis<br />

mise à pleurer de dépit. Elle criait après moi : « Je ne veux<br />

pas, je ne veux pas. Même si c’était un honnête homme, je<br />

ne voudrais pas de son aumône ! Que quelqu’un me plaigne –<br />

je ne le veux pas non plus ! » Je me suis mise au lit, et j’étais<br />

loin de me douter de rien. Combien de fois j’avais regardé ce<br />

clou qui est dans le mur, à côté de la glace ! Je l’ai vu hier,<br />

avant-hier, tous les jours ; je le voyais, et c’était tout. Est-ce<br />

que je pouvais penser… ? Je n’attendais pas cela de la part<br />

d’Olia. Ordinairement j’ai le sommeil dur, je ronfle, le sang<br />

me monte à la tête ou bien au cœur, et je crie en dormant ;<br />

de sorte que, la nuit, Olia me secoue pour me réveiller, et ce<br />

n’est pas commode, vous savez !… Voilà donc qu’hier soir je<br />

m’endors comme un paquet. Elle, qui avait attendu ce<br />

moment, se lève. Cette longue courroie de la malle avait,<br />

tout le mois, traîné à travers la chambre. Hier matin, je me<br />

disais encore : « Il faut que je la range… » La chaise, elle a<br />

– 200 –

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