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Un Adolescent Tome 1

Auteur: Fédor Mikhaïlovitch Dostoievski. Roman traduit du Russe par J. W. Bienstock et Félix Fénéon. Langue: Français. Editeur: Eugène Fasquelle, 321 pages, 1923.

Auteur: Fédor Mikhaïlovitch Dostoievski. Roman traduit du Russe par J. W. Bienstock et Félix Fénéon. Langue: Français. Editeur: Eugène Fasquelle, 321 pages, 1923.

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pourtant si quelqu’un m’avait demandé ensuite : « Comment<br />

est-elle ? » – je n’aurais su répondre. Même je n’aurais pu<br />

dire si vous êtes grande ou petite. Aussitôt que je vous ai<br />

vue, je fus aveuglé. Votre portrait ne vous ressemble guère :<br />

vos yeux ne sont pas foncés, mais clairs, et c’est seulement<br />

l’ombre des longs cils qui les assombrit. Vous êtes forte ;<br />

vous êtes de moyenne taille, mais votre embonpoint est<br />

ferme, léger, l’embonpoint d’une robuste jeune<br />

campagnarde. Et votre visage est tout à fait celui d’une<br />

beauté campagnarde, – ne vous offensez pas, c’est bien plus<br />

beau, – un visage rond, rose, serein, courageux, rieur et…<br />

timide ! Je dis bien : timide. <strong>Un</strong> visage timide chez Catherine<br />

Nicolaïevna Akhmakov ! Timide et chaste, je le jure ! Plus<br />

que chaste, – enfantin ! – Voilà votre visage !… Je sais<br />

maintenant que vous êtes très intelligente. Vous avez un<br />

esprit joyeux, mais sans aucune espèce de fard… J’aime<br />

encore que le sourire ne vous quitte point : c’est… mon<br />

paradis ! J’aime encore votre calme, votre douceur et que<br />

vous prononciez les mots doucement, rythmiquement et<br />

presque paresseusement, – j’aime justement cette langueur.<br />

Qu’un pont s’écroule sous vos pas, même alors vous direz<br />

quelque chose doucement et rythmiquement… Je<br />

m’imaginais que vous étiez le comble de l’orgueil et de la<br />

passion et pendant ces deux mois, vous avez causé avec moi<br />

comme un étudiant avec un étudiant. Jamais je ne me serais<br />

figuré que vous aviez ce front si curieux : il est un peu bas,<br />

comme le front des statues ; il est blanc et délicat, – du<br />

marbre, sous la chevelure abondante. Vous avez la poitrine<br />

haute, la démarche souple, vous êtes d’une beauté<br />

extraordinaire, et vous n’en êtes pas orgueilleuse. Je viens<br />

de m’en convaincre, tout en n’y pouvant croire.<br />

Yeux grand ouverts, elle écoutait cet épithalame. À<br />

plusieurs reprises, elle souleva d’un joli geste de peur et de<br />

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