Vies brisées - Arte
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Les armes responsables de la violence d’après-guerre<br />
Trop souvent les problèmes auxquels sont confrontés les pays après un conflit armé<br />
les dépassent et de graves éruptions de violence surviennent de nouveau: la moitié<br />
des pays récemment pacifiés retrouvent le sentier de la guerre en moins d’une<br />
décennie. 16 Résoudre la question de la prolifération des armes constitue une étape<br />
vitale pour prévenir un nouveau déclenchement des hostilités.<br />
Les périodes d’extrême violence engendre une culture de la violence par laquelle<br />
l’influence et le pouvoir des militaires s’infiltrent dans des zones de la société qui<br />
n’étaient pas préalablement affectées par la violence. En outre, la violence contamine<br />
les symboles, les attitudes, les valeurs et les croyances de ce qui constituent la<br />
‘culture’. 17 La criminalité et les désordres augmentent, 18 motivés principalement par la<br />
légitimation de la violence, 19 allant de paire avec le retour des combattants sans travail<br />
et la grande disponibilité des armes. Ces armes alimentent les systèmes criminels,<br />
ceux de contrebande et de violence organisée qui ont pu se développer durant ces<br />
périodes d’insécurité.<br />
Les études montrent que si les armes ne sont pas retirées et si des moyens<br />
d’existence alternatifs et viables ne sont pas proposés, le risque de violence armée<br />
demeure élevé parce que la disponibilité permanente des armes fournit un moyen<br />
violent pour résoudre les différends.<br />
Le Guatemala continue d’être un pays très violent. Bien que des accords de paix<br />
eurent été signés en 1996, une étude publiée en 2000 a montré que 75 p. cent des<br />
habitants du pays avaient le sentiment d’un accroissement de l’insécurité et<br />
88 p. cent estimaient qu’il y avait une augmentation nette de la possession et de la<br />
prolifération des armes à feu. 20 Le nombre de mort par armes à feu est passé de<br />
69 p. cent de l’ensemble des décès dûs à des armes, en 1999, à 75 p. cent en 2000.<br />
Les blessures par armes à feu sont passées de 52 à 60 p. cent de l’ensemble des<br />
blessures accidentelles. 21<br />
Le nombre de personnes traitées pour des blessures dues à des armes à feu à<br />
l’hôpital Monkol Borei dans le Nord-ouest du Cambodge montre comment<br />
l’absence effective de désarmement contribue à un retour à des niveaux de<br />
violence encore plus élevés que pendant le conflit. Juste avant la signature de<br />
l’accord de paix de 1991, il y avait 147 blessés par armes pour 100.000 habitants.<br />
Au cours de la période de transition sous les auspices des Nations Unies, ce<br />
chiffre est tombé à 71 pour 100.000. 5 mois après le départ des Nations Unies,<br />
sans avoir procédé au désarmement complet de la population, le chiffre était<br />
remonté à 163 pour 100.000 personnes. 22<br />
Il est par conséquent évident que les programmes de démobilisation, de<br />
désarmement et de réinsertion des combattants après la fin officielle des hostilités,<br />
sont nécéssaires. Souvent les pays sont inondés d’armes appartenant aux anciens<br />
combattants; les armes en excédent doivent être retirés des mains des anciens<br />
‘C’est une évidence pour tous:<br />
là où il y a des armes, il y<br />
aura un conflit.’<br />
Mervyn Patterson, principal représentant<br />
onusien dans le Nord de l’Afghanistan qui<br />
travaille avec les dirigeants locaux sur les<br />
questions de sécurité, 2003 15<br />
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