Vies brisées - Arte

Une opulente industrie qui opère dans une absence totale de contrôle
L’industrie de l'armement est différente à bien des égards des autres industries.
L’ONG Transparency International, souligne que l’industrie de l’armement est la
deuxième industrie qui implique le versement de pots-de-vin: selon un rapport du
Département d’état américain, le secteur de la défense représente 50 p. cent de toutes
les allégations de corruption, même s’il ne constitue que moins de 1 p. cent du
commerce mondial. La corruption à grande échelle et des pratiques professionnelles
douteuses sont peut-être la conséquence du secret qui entoure les transactions, de la
complexité des contrats d’armes et du fait que cette industrie est caractérisée par un
petit nombre de contrats juteux. 233 De plus, c’est une industrie qui reçoit beaucoup
plus de subsides officiels que les autres industries et pour laquelle les
gouvernements font une promotion active des ventes d’armes, promotion rarement
atteinte dans les autres secteurs. A telle enseigne qu’il n’est pas rare de voir des
ministres de haut rang d’un gouvernement se rendre personnellement auprès
d’importateurs potentiels pour les convaincre.
Les exportations d’armes et l’emploi
De nombreux gouvernements exportateurs
d’armes – dont le gouvernement
britannique 234 – souvent qualifient l’industrie
de la défense d’essentielle à l’économie
nationale, ce qui implique donc que toute
restriction à l’exportation d’armes par le
biais d’une politique responsable
d’exportations, serait nuisible à l’économie.
Toutefois une récente étude au Royaume Uni
suggère que cela est loin d’être le cas. 235
Selon une étude datant de 2001,
impliquant entre autres des économistes du
ministère britannique de la Défense, une
réduction de 50 p. cent des exportations
d’armes coûterait à l’économie du pays
environ 2 à 2,5 milliards de livres. Il y aurait
une perte initiale de 49.000 emplois mais, en
raison des ajustements économiques,
environ 67.000 nouveaux emplois seraient
créés à terme. 236
Selon des études publiées en 2002, une
politique responsable d’exportation des
armes nécessiterait une réduction de 27,5 p.
cent de la valeur des exportations d’armes,
ce qui coûterait au Trésor entre 1,1 et 1,4
milliards de livres, avec une perte initiale de
27.000 emplois rééquilibrée par la création
éventuelle de 37.000 nouveaux emplois. 237
Ces deux études montrent clairement que
l’impact financier d’une politique
responsable des exportations d’armes est
relativement modeste. Si, initialement, on
enregistre des pertes d’emplois, à plus long
terme, on assiste à la création d’un nombre
supérieur de postes.
La principale caractéristique de l’industrie de l’armement est qu’elle manufacture
des produits et fournit des services dont le but est de tuer ou de blesser. On serait
donc en droit d’attendre, un contrôle sévère proportionné à cette lourde
responsabilité: des gouvernements et une industrie travaillant de concert pour
s’assurer que ces armes sont vendues et utilisées de manière responsable. Mais
l’industrie de l’armement ne ressemble à aucune autre industrie, elle opère en
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