Vies brisées - Arte

Réduire l’opposition au silence
Les activistes politiques, les journalistes, les syndicalistes et les manifestants
pacifiques sont fréquemment la cible des attaques par les forces gouvernementales
ou d’autres forces armées qui cherchent à les priver de leur liberté d’expression et
d’association. En Colombie, des syndicalistes ont été menacés, attaqués, assassinés et
‘enlevés’. La majorité des responsables de ces violations n’ont pas été punis. Entre le
1er janvier et le 15 octobre 2002, 118 syndicalistes ont été tués. 112 Les forces
gouvernementales, leurs alliés ou d'autres groupes politiques ont recours aux armes
pour empêcher les pressions en faveur de réformes démocratiques; en faisant cela,
ils portent atteinte à la démocratie et à la bonne gouvernance. En 2002, au
Zimbabwe, la période précédente les élections locales de septembre 113 a été marquée
par la violence. Au Cachemire, en octobre 2002, environ 732 personnes ont été tuées
entre le moment où les élections ont été annoncées et le jour du scrutin. 114
Violations des droits économiques et sociaux
Selon les termes du droit international, les états sont responsables de la protection et
l’application des droits économiques et sociaux fondamentaux. Lorsque des états
transfèrent des armes à des pays tout en sachant que cela risque de nuire aux efforts
en faveur de la santé, de l’éducation, du logement ou le niveau de vie minimum – et
qui constituent autant de droits humains fondamentaux – ils pourraient alors
contribuer au déni prolongé de ces droits.
Impact sur l’aide
La violence avec armes, que celle-ci soit réelle ou potentielle, empêche l’aide de
parvenir à ceux qui en ont le plus besoin. Les parties en conflit peuvent bloquer à
dessein l’assistance humanitaire, en incluant dans leur tactique militaire l’accès aux
vivres et aux médicaments. Parfois le personnel humanitaire, leurs convois, leurs
bureaux et leurs programmes sont pris pour cibles. 180 employés humanitaires civils
ont été tués dans des actes de violence entre 1997 et 2001, la grande majorité d’entre
eux ont trouvé la mort aux cours de l’embuscade de leurs véhicules, tendue par des
bandits ou des groupes rebelles. 117 L’une des réponses type à ce genre de danger est de
suspendre les programmes humanitaires et de développement et d’évacuer les
employés des organisations humanitaires, interdisant ainsi toute livraison d’aide aux
communautés dans le besoin.
Entre 2001 et 2002, Oxfam-GB a dû suspendre temporairement ses programmes
d’assistance d’urgence dans 9 pays, retirer des cadres essentiels à deux reprises,
prendre soin de certains membres de son personnel hospitalisés à deux reprises, et
fermer complètement l’un de ses programmes, tout en prenant d’autres mesures
pour assurer la sécurité de ses employés et de ses programmes.
‘A cause de la guerre, la vie
a complètement changé. Nos
écoles sont fermées. L’école
la plus proche est à près de
20 kilomètres. Conséquence:
de nombreux enfants ne
vont plus à l’école.
Aujourd’hui, on n’ose plus
moissonner ou accomplir
nos autres travaux agricoles
sans en référer à la police.
Avant, on avait des réunions
entre cultivateurs pour
décider de ces questions et
aujourd’hui on a des
réunions avec la police!’
Un villageois de Welikanda, Sri Lanka,
1998 115
L’Indonésie, deuxième
destinataire au monde de l’aide
étrangère, dépense pour ses
forces militaires presque le
même montant que les fonds
reçus au titre de l’aide
internationale. 116
31