Vies brisées - Arte

‘Il ne m’a pas été difficile de
remettre mon arme parce que
je suis un soldat discipliné.
Mais je suis préoccupé parce
que je crois qu’ il y a encore
beaucoup d’armes en
circulation ici et parce que
beaucoup de civils ont accès à
ces armes. Eux aussi
devraient être désarmés.’
18
Domingos Bastos, soldat de l’UNITA en
cours de démobilisation, province de
Huambo, Angola, 2003 44
combattants pour être détruites et les moyens d’existence normaux rétablis. En juin
2003, on estimait à 24 millions le nombre d’armes à feu en Irak, un nombre
suffisant pour armer chaque homme, chaque femme et chaque enfant du pays. Et on
pouvait se les procurer pour environ 10 dollars. C’est une des causes de l’insécurité et
des activités illégales dans le pays. 45
Mais il n’y a pas que les armes légères qui sont disponibles sur le marché. Les
mines terrestres, les sous-munitions (ou bomblets) des bombes à fragmentation
et autres munitions non explosées continuent d’être disponibles bien après la
fin officielle du conflit, faisant chaque année entre 15.000 et 20.000 de victimes
supplémentaires, dont beaucoup périssent ou deviennent handicapées à vie.
Les bombes à fragmentation constituent la cause principale des morts et des
blessés en Iraq. Les mines terrestres et les munitions non explosées interdisent
l’accès des maisons et des champs, empêchant ainsi les gens de reconstruire leur
vie et leur pays. 46
Des armes entre de mauvaises mains
S’il est vrai que la grande disponibilité des armes accroît le risque de violence, les
armes qui tombent entre de mauvaises mains représentent un risque encore plus
grand dans la mesure où elles sont utilisées pour perpétrer des violations des droits
humains.
En 2002, il y avait dans le monde 40 conflits armés d’intensité variable. 47 Dans
pratiquement tous ces conflits, les forces impliquées – forces gouvernementales
ou groupes armés – ont été responsables de violation du droit international
humanitaire ou du droit international relatif aux droits humains. Mais même en
temps de paix, les forces armés ont recours à leurs armes de service pour se livrer
à des abus. Les responsables chargés de faire respecter la loi sont investis de
l’autorité et équipés d’armes. Toutefois, dans certains états, leur salaire couvre à
peine leurs besoins vitaux. Leur formation est souvent réduite à sa plus simple
expression, quand ils ont la chance d’en recevoir une. Dans plusieurs pays, les
extorsions par la force et la corruption des forces de sécurité et des responsables de
l’application des lois, sont endémiques et impunies par un système judiciaire lui
aussi corrompu.
Les lois, les règlements, les formations pour les forces de police et ceux chargés de
faire respecter la loi ignorent souvent les règles internationales élémentaires censées
encadrer leurs actions, parmi lesquelles citons: les Principes de base de l’ONU sur le
recours à la force et l’utilisation des armes à feu par les responsables de l’application
des lois; le Code de conduite de l’ONU pour les personnes chargées de l’application
des lois; l’Ensemble des règles minima pour le traitement des prisonniers. 48 En
Afrique du sud, près de 100.000 officiers chargés de la sécurité n’ont pas reçu de
formation adéquate; en 1999, trois quarts de tous les officiers chargés de la sécurité
étaient détenteurs de la qualification professionnelle la plus basse qui leur permet
d’être armés et déployés après seulement cinq heures d’entraînement au maniement
des armes à feu. 49