Vies brisées - Arte

‘Nous [Les usines d’artillerie
du Pakistan] fournissons des
certificats d’utilisation finale
vers l’Allemagne pour
dissimuler des livraisons
au Koweït.’
62
Un haut responsable des usines
d’artillerie du Pakistan, 1992 257
‘[Les ventes d’armes
britanniques à l’Angola et
à l'Ouganda] ridiculisent
les affirmations
gouvernementales concernant
sa politique éthique. Le
gouvernement a fait preuve
d’hypocrisie sur cette
question. 4,5 millions
d’Africains [en République
démocratique du Congo] ont
été tués au cours des
5 dernières années et les
entreprises britanniques font
des bénéfices sur leur dos.
Le gouvernement a du sang
sur les mains.’
Norman Lamb, député britannique,
Royaume Uni, 2003 260
En dépit des assurances israéliennes selon lesquelles ‘aucun équipement en
provenance du Royaume Uni n’est utilisé [sic] dans le cadre des activités militaires
dans les Territoires’, des chars Centurion modifiés ont été utilisés par l’armée
israélienne en Cisjordanie et à Gaza en 2002. 259
Le courtage en armes, via un pays tiers, est un moyen important par lequel les armes
tombent entre de mauvaises mains. Les courtiers, soutenus par les transporteurs et
les financiers, sont des intermédiaires qui facilitent les transferts entre vendeurs et
acheteurs. Les courtiers en armes, les transporteurs et les financiers sont impliqués
dans des livraisons d’armes vers les zones de conflits et celles en proie à une crise des
droits humains les plus affectées du monde, y compris les régions sous embargo
onusien comme l’Afghanistan, l’Afrique du sud, l’Angola, l’Irak, La RDC, le Rwanda,
la Sierra Leone, pour ne nommer que quelques pays.
La plupart des législations nationales en matière d’exportations d’armes n’envisagent
pas ou peu la question du courtage international en armes, du transport et du
financement de celles-ci. Dans les pays où la législation est stricte sur cette question,
il suffit aux courtiers peu scrupuleux de se déplacer ‘off shore’ dans un pays où les
contrôles sont moins rigoureux. Par ailleurs, les transactions bancaires électroniques
et les paradis fiscaux rendent les mouvements de capitaux internationaux plus faciles
à organiser mais plus difficile à suivre à la trace. Quant aux transporteurs, ils évitent
d’être détectés en acheminant leurs cargaisons dans des avions qui atterrissent sur
différents aéroports en dehors des sentiers battus, qui volent la nuit ou à basse
altitude pour éviter la surveillance radar, qui modifient les numéros
d’immatriculation, voire qui utilisent des ‘pavillons de complaisance’. 261
La technologie militaire est exportée lorsqu’une entreprise d’armement autorise la
production de ses armes dans un pays tiers. Mais cela se fait sous licence de
l’entreprise. La signature d’accords établissant une licence de production dans
des pays qui connaissent la répression et les violations des droits humains ou dans
des pays en conflit, permet de contourner de manière efficace, la législation sur le
contrôle des exportations d’armes, législation qui interdit un transfert direct dans
ces pays. Souvent, le fabriquant original n’a plus son mot à dire une fois que
l’accord a été conclu: ainsi par exemple, l’usine Arsenal de Bulgarie a continué à
produire des Kalachnikovs en dépit du fait que sa licence de production avait expiré
depuis 14 ans. 264
De petites quantités d’armes passées en contrebande par des individus (ce que
l’on appelle le ‘commerce de fourmi’) sont souvent achetées légalement avant d’être
revendues à d’autres personnes. Ainsi au Paraguay, un touriste peut en toute
légalité acheter deux fusils, encourageant par la même les flux d’armes dans les
pays voisins. 267
Les armes sont donc recyclées d’un conflit à un autre à cause de pays qui négligent
de contrôler la possession d’armes par des civils. A la fin 2002, après une opération
de récupération d’armes et de munitions, de grande quantité de munitions en
excédent ont été transportées par avion d’Albanie vers le Rwanda, où elles auraient
été utilisées en RDC. 268 Les pays ravagés par des guerres, comme en Afghanistan,
en Albanie, en Angola et en Somalie, sont des sources faciles pour l’acquisition
illégale d’armes.