Vies brisées - Arte
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‘Ils disent chercher les rebelles<br />
mais en fait ce sont les gens<br />
ordinaires qui finissent par<br />
être pris pour cibles.’<br />
44<br />
Un étudiant de 26 ans, Aceh,<br />
Indonésie, 2003 169<br />
‘Ce sont ceux qui possèdent<br />
les armes de guerre qui font<br />
que le peuple somalien<br />
continue d’être l’otage du<br />
cycle de la violence.’<br />
Mamady Traoré, président du Conseil de<br />
sécurité de l’ONU et ambassadeur de<br />
Guinée, mars 2003 171<br />
Les pertes civiles continuent de croître<br />
Les effets directs et indirects de la guerre et de la violence ont déjà atteint un seuil<br />
critique et deviendront encore plus aigus dans les 20 prochaines années. Cela aura<br />
pour conséquences de faire peser un fardeau intolérable sur les communautés<br />
pauvres. Si on ne prend aucune mesure pour enrayer la tendance actuelle, en 2020,<br />
le nombre de décès et de blessures dû aux guerres et à la violence aura dépassé<br />
le nombre de morts provoqués par des maladies mortelles comme la rougeole<br />
ou la malaria. 170<br />
La plupart des guerres modernes sont internes aux états. Les conflits impliquent<br />
souvent plusieurs forces armées différentes, qui sont parfois divisés selon des lignes<br />
ethniques. Ces conflits impliquent fréquemment des forces irrégulières qui<br />
combattent dans des zones civiles. Selon les meilleures estimations, 14 p. cent de<br />
l’ensemble des victimes de la première guerre mondiale étaient des civils. Au cours<br />
de la deuxième guerre mondiale, ce chiffre est passé à 67 p. cent. Dans les conflits<br />
modernes, ce chiffre s’est encore accru. 172<br />
Par exemple, en RDC et en Colombie, la distinction entre civils et combattants est<br />
souvent floue en raison des agissements des acteurs gouvernementaux et des<br />
groupes illégaux armés. Les civils servent de couvertures pour des opérations<br />
militaires ou paramilitaires, de boucliers humains contre des bombardements<br />
aériens ou d’artillerie, de fournisseurs de produits de subsistance, d’abris ou de<br />
services sexuels, le plus souvent sous la menace des armes. En outre, souvent les<br />
civils sont tués au cours d’attaques de représailles et ne bénéficient d’aucun soutien<br />
matériel. Par ailleurs, les combattants ont tendance à se servir des infrastructures,<br />
des télécommunications et de la logistique civiles à des fins militaires, ce qui rend<br />
très difficile la distinction entre cibles militaires et cibles civiles.<br />
‘Les diamants de la guerre’ et le trafic d’armes en Afrique<br />
Le commerce du diamant en vue d’acquérir<br />
des armes au Libéria et dans la RDC<br />
implique des réseaux complexes de<br />
compagnies aériennes, de marchands<br />
d’armes et d’agents maritimes. Selon les<br />
enquêtes menées par l’ONU en 2001 et<br />
2002, deux des principaux trafiquants<br />
étaient Victor Bout, un homme d’affaires<br />
russe basé dans les Emirats arabes unis et<br />
Sanjivan Ruprah, un ressortissant kenyan<br />
basé au Libéria. 173<br />
Dans une livraison en novembre 2001, il y<br />
avait des mitraillettes officiellement<br />
destinées à la Guinée. L’avion qui les<br />
transportait, un Ilyushin commandité par<br />
Victor Bout, s’est détourné pour se rendre au<br />
Libéria. 174 Sur le chemin du retour, l’avion a<br />
atterri à Kisangani, en RDC, où Sanjivan<br />
Ruprah a été autorisé à exploiter une<br />
concession diamantifère de 4,000 km2 par<br />
les autorités du pays. 175 L’avion a également<br />
chargé des mitraillettes en Ouganda<br />
destinées au Libéria aux termes d’un contrat<br />
impliquant Sanjivan Ruprah. 176 Ce dernier<br />
tentait de vendre des diamants en Belgique<br />
quand il a été arrêté par les autorités en<br />
février 2002 pour contrefaçon et usage d’un<br />
faux passeport. 177