Vies brisées - Arte
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La ‘guerre contre la terreur’<br />
Pour la plupart des gouvernements, le ‘terrorisme’ international et les armes de<br />
destruction massive représentent des menaces graves dont ils doivent se préoccuper.<br />
On ne peut y répondre qu’en respectant le droit international. Lutter contre ces<br />
menaces ne doit pas se faire au détriment de la paix et de la justice.<br />
A une époque où ‘le combat contre le terrorisme’ domine l’agenda international,<br />
on serait en droit d’attendre qu’il y ait un regain d’intérêt pour le contrôle des<br />
armements et que des efforts soient faits pour empêcher les armes de parvenir aux<br />
responsables de violations. C’est le contraire qui se produit.<br />
Les pays européens et d’autres affirment baser leurs exportations d’armes sur des<br />
critères de respect des droits humains; aux Etats-Unis, une loi spécifique – appelée<br />
Leahy Amendments– interdit l’aide et la formation militaires aux unités des forces de<br />
sécurité étrangères qui auraient commis des violations des droits humains. 154<br />
Pourtant ces principes sont balayés au nom de la lutte contre le ‘terrorisme’.<br />
Les états les plus riches du monde forment le Groupe des huit (G8): l’Allemagne, le<br />
Canada, les Etats-Unis, la Fédération de Russie, la France, l’Italie, le Japon et le<br />
Royaume Uni. En juin 2002, le G8 a alloué 20 milliards de dollars et signé un accord<br />
de ‘Partenariat global’ pour empêcher les ‘terroristes’ d’acquérir des armes de<br />
destruction massive. Mais le G8 n’a pas abordé la question de la prolifération des<br />
armes conventionnelles, y compris les armes légères, dans les états et chez les<br />
groupes armés dont ils savent qu’ils pourront s’en servir abusivement pour terroriser<br />
les populations civiles.<br />
En fait, le Royaume Uni, les Etats-Unis, la France, l’Allemagne, le Canada et l’Italie<br />
ont approuvé d’énormes livraisons d’armes à l’Arabie Saoudite, tout en sachant que<br />
les autorités de ce pays n’autorisent aucune critique de l’état, que tous les partis ou<br />
organisations politiques sont illégaux dans ce pays et que des milliers de détenus<br />
politiques ou religieux sont arbitrairement emprisonnés depuis des années. 155<br />
Au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, le gouvernement<br />
américain a accru massivement son assistance militaire à des dizaines de pays.<br />
Certains bénéficiaires de cette aide sont des forces armées qui ont commis de graves<br />
violations des droits humains et dont le respect des droits humains est qualifié de<br />
‘faible’ ou pire, dans le propre rapport du Département d’état sur les droits humains.<br />
Parmi les pays bénéficiaires de cette aide: l’Afghanistan, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la<br />
Colombie, la Géorgie, Israël, le Népal, le Tadjikistan, la Turquie et le Yémen. Dans le<br />
cas de l’Azerbaïdjan, de l’Inde, du Pakistan, du Tadjikistan et de la Yougoslavie, les<br />
Etats-Unis ont levé les sanctions qui leur avaient été imposées. Dans d’autres pays,<br />
les restrictions ont dû être assouplies.<br />
Au cours de l’année suivant les attentats du 11 septembre, l’assistance américaine liée<br />
aux questions de sécurité à l’Ouzbékistan s’est accrue de 45 millions de dollars. 156 Au<br />
Pakistan, il a fait un bond de 3,5 millions de dollars à 1,3 milliards de dollars. Dans le<br />
même temps, les violations systématiques des droits humains (actes de torture,<br />
‘Les Etats-Unis encouragent<br />
les gouvernements à écarter<br />
les parasites terroristes qui<br />
menacent leur pays et la<br />
paix dans le monde et<br />
comptent sur ces<br />
gouvernements pour qu’ils<br />
s’engagent sur cette voie…<br />
S’ils ont besoin de formation<br />
ou de ressources pour<br />
respecter cet engagement, les<br />
Etats-Unis les aideront.’<br />
Le président des Etats-Unis<br />
George W. Bush, 2002 153<br />
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