Vies brisées - Arte
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‘C’est à 14 ans que j’ai<br />
commencé à travailler avec des<br />
armes à feu. Ce sont<br />
[les groupes qui contrôlent le<br />
trafic de drogue) qui m’ont<br />
donné ma première arme. Et<br />
ils m’on laissé assurer la<br />
sécurité... ça leur appartient,<br />
mais c’est moi qui la porte.’<br />
26<br />
Un garçon du trafic de drogue [avec rang<br />
de soldado, soldat] dans les bidonvilles de<br />
Rio de Janeiro, 2002 72<br />
La prolifération de la violence<br />
organisée peut coûter autant de<br />
vies qu’un conflit armé<br />
officiellement déclaré. Au cours<br />
des 14 dernières années, près de<br />
4.000 personnes âgées de moins<br />
de 18 ans ont trouvé la mort par<br />
armes à feu dans l’état de Rio. 79<br />
Le nombre de morts par armes légères varie grandement d’un pays à un autre: de<br />
0,01 décès p. 100.000 habitants à in Hong Kong, à 30 p. 100.000 au Salvador, à 55 p.<br />
100,000 en Colombie. Les risques sont également différents à l’intérieur même d’un<br />
pays: le taux moyen d’homicide au Kenya, par exemple, est de 10 à 15 p. 100,000<br />
habitants, tandis dans le Nord-est et le Nord-ouest du pays, où les armes sont<br />
largement disponibles, ce taux monte à 580 p. 100,000. 70 Mais ces statistiques ne<br />
traduisent pas la réalité de la souffrance humaine causée par ces armes.<br />
Ce sont les hommes, et plus particulièrement, les jeunes hommes, qui sont<br />
généralement les responsables et les victimes de la violence armée, en temps de<br />
guerre comme en temps de ‘paix’. A Rio de Janeiro, au Brésil, les jeunes gens ont<br />
24 fois plus de risque d’être tués par une arme à feu que les jeunes filles. En<br />
Colombie, ils ont 14 fois plus de risques à mourir des blessures infligées par des<br />
armes à feu. 73<br />
Néanmoins, les femmes sont tuées et blessées par balles ou par bombes pendant<br />
les conflits armés. Les femmes et les filles constituaient une proportion élevée des<br />
victimes lorsque les forces armées ont contraint les réfugiés à quitter les camps de<br />
la région des Grands Lacs en 1996 et qu’ils ont procédé à des exécutions<br />
massives. 74<br />
Les jeunes non plus ne sont pas épargnés. Les enfants sont devenus des cibles<br />
dans les conflits pour le contrôle de la drogue, les assassinats politiques ou bien<br />
commis par des gangs, les guerres civiles, les conflits internationaux. Ils sont<br />
également les victimes de la brutalité policière. Au Honduras, au moins 1.817<br />
enfants des rues ont été tués au cours des cinq dernières années. 75 Des interviews<br />
avec un groupe d’enfants réfugiés de Croatie en 1992 a permis de révéler que<br />
85 p. cent d’entre eux avaient déjà été témoins d’échanges de coups de feu,<br />
67 p. cent de pilonnage d’artillerie et 24 p. cent de bombardement. 76<br />
Les personnes âgées, elles non plus, ne sont pas épargnées. Au Kosovo, entre<br />
février 1998 et juin 1999, le taux de mortalité dû à la violence armée chez les<br />
hommes âgés de 50 ans et plus était près de 10 fois supérieur à celui des femmes<br />
du même groupe d’âge, et plus de trois fois supérieur pour les hommes en âge de<br />
servir (entre 15 et 49 ans). Cela semble indiquer que les forces serbes ont<br />
spécifiquement visé les chefs de famille traditionnels pour affaiblir le tissu social<br />
et culturel de la société locale. 77<br />
Tous ces morts et ces blessés, dont beaucoup sont jeunes, ont des conséquences<br />
profondes pour le développement: cela réduit le nombre de personnes qui entrent<br />
dans la vie active; cela détourne les ressources sociales et familiales vers ceux qui sont<br />
victimes de la violence avec armes et cela contraint les gouvernements à redistribuer<br />
les fonds des services sociaux pour assurer la sécurité publique. 78