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Vies brisées - Arte

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Contraints de fuir<br />

A la fin de 2002, environ 22 millions de personnes à travers le monde étaient<br />

déplacées de l’intérieur. Environ 13 millions étaient des réfugiés ou des demandeurs<br />

d’asile qui cherchaient refuge. 97 La plupart des déplacés dans le monde sont des<br />

femmes et des enfants. 98 Selon les estimations, il y avait en 2002, 4,3 millions de<br />

personnes nouvellement déplacées, pour la plupart sur le continent africain. 99 Au<br />

Soudan, plus de 4 millions de personnes sont déplacées; 85 p. cent des habitants du<br />

Sud Soudan ont été déplacés au moins une fois au cours des 15 dernières années. 100<br />

En Colombie, plus de 250.000 personnes sont déplacées chaque année depuis 5 ans<br />

et pour la seule année 2002, on estime ce chiffre à 350.000. 101<br />

Ailleurs, des groupes armés et des gouvernements limitent les mouvements de<br />

population: des contrôles routiers empêchent la libre circulation de ces personnes,<br />

les frontières sont fermées, on exige des laissez-passer, on décourage les civils de<br />

voyager en leur “conseillant” des dates pour se déplacer. Ces restrictions interdisent<br />

l’accès à la nourriture, aux moyens de subsistance de base, au travail, à l’éducation et<br />

aux services de santé. Le droit de se déplacer librement est particulièrement<br />

important pour les femmes enceintes, les blessés et les malades.<br />

Ceux qui arrivent dans des camps réfugiés peuvent continuer à être victimes de la<br />

peur et de la violence armée, car de nombreux camps deviennent de plus en plus<br />

militarisés. Parfois, ils servent de plaques tournantes pour le trafic d’armes, comme<br />

par exemple le camp de Dadaab, dans le Nord-est du Kenya qui sert de lieu de transit<br />

pour les armes en provenance de Somalie. Ces camps servent aussi de centre de<br />

recrutement pour les forces rebelles, comme par exemple dans les camps d’Afrique<br />

centrale et d’Afrique occidentale. Trop souvent les gouvernements et la communauté<br />

internationale n’ont pris aucune mesure pour minimiser ce risque en assurant la<br />

protection adéquate des réfugiés.<br />

Au milieu de l’année 2000, la Guinée accueillait quelque 350.000 réfugiés de Sierre<br />

Leone et 150.000 réfugiés du Libéria qui avaient fui les combats dans leur pays<br />

respectif. A partir de septembre 2000 toutefois, alors que la sécurité était totalement<br />

inexistante le long des frontières de ces trois pays, la Guinée a sombré dans la<br />

violence. Selon Amnesty International, les camps de réfugiés situés dans l’ensemble<br />

du pays étaient attaqués par des groupes politiques armés. D’innombrables réfugiés<br />

ont été tués, frappés, violés, torturés et enlevés alors qu’ils passaient d’un camp vers<br />

un autre pour tenter de fuir la violence. D’autres furent arrêtés, torturés ou tués par<br />

les forces de sécurité. Pendant qu’ils se déplaçaient, ils risquaient à tout moment de<br />

rencontrer des barrages civils ou militaires où ils étaient humiliés, menacés,<br />

contraints de payer des pots-de-vin ou de remettre la nourriture et les effets<br />

personnels. Ceux qui fuyaient à pieds d’un camp à un autre ont du passer tant de<br />

points de contrôle qu’il ne leur restait plus ni argent ni effets personnels. Au cours<br />

d’au moins un incident, des hélicoptères de combat ont survolé à basse altitude un<br />

camp et tiré des coups de canons, faisant de nombreux morts et blessés parmi les<br />

civils. Ces attaques semblent avoir été menées dans le but de faire peur aux réfugiés<br />

et de les empêcher de quitter le camp. 102<br />

‘Quand les avions ont<br />

commencé à nous survoler,<br />

nous pensions que c’était<br />

juste pour nous<br />

impressionner. Mais ensuite,<br />

ils ont commencé à lâcher<br />

des bombes près de nous.<br />

Nous étions surpris et<br />

surtout affolés. Tout le<br />

monde s’est mis à couvert.<br />

Ils ont laissé derrière eux<br />

tout ce qui leur appartenait.<br />

Nous étions sans nouvelle de<br />

certains membres de notre<br />

famille. Et on s’est retrouvé<br />

dans ce centre d’évacuation.’<br />

Un homme dans un centre d’évacuation à<br />

Pagalungan, Mindanao, Philippines 96<br />

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