AUTOINSIDE Édition 1 – Janvier 2022

ou des documents électroniques stockés sur
des supports appropriés pour savoir comment
réparer le véhicule. À l’heure actuelle, les informations
de réparation constamment actualisées
des constructeurs sont disponibles grâce
à un service en ligne payant. « De prime abord,
cette méthode ne pose aucun problème pour
les concessionnaires de marques qui ont signé
un contrat régissant leur accès aux portails
des constructeurs. Les choses se corsent toutefois
lors de la reprise de véhicules de marques
tierces », déclare M. Peter. Pour accéder au
portail, le garage doit s’abord s’inscrire auprès
du constructeur. « Pour que les garages multimarques
puissent proposer des travaux de
maintenance et de réparation sans investissement
excessif, un aménagement uniforme des
interfaces ou des accès aux portails serait utile.
Les appareils de diagnostic multimarques ou
les adaptateurs d’interfaces spécifiques constituent
des alternatives. Ils ‹ traduisent › les informations
des divers constructeurs en une
représentation uniforme et permettent aux
garagistes d’accéder à plusieurs portails avec
un seul accès. Les systèmes qui relient le véhicule
à un spécialiste externe et qui permettent
ainsi d’établir un diagnostic ou d’autoriser certaines
fonctions à distance sont également intéressants.
»
Dans le cadre d’un test, l’association allemande
ADAC a identifié les données que collectent
les constructeurs. Les modèles testés
transmettent continuellement la géolocalisation
du véhicule et les données d’état, tels que
le kilométrage, la consommation ou le niveau
de carburant. Une fois que les données relatives
aux itinéraires parcourus et aux horaires
de fonctionnement de la voiture sont obtenues,
le constructeur est en mesure d’établir
un profil d’utilisation complet. Sans oublier les
données qui permettent de déterminer le style
de conduite telles que la tension de la ceinture
de sécurité lors de freinages vigoureux ou le
régime du moteur. Les destinations de navigation
sont elles aussi recensées. La voiture
a même accès aux contacts et aux SMS sur le
téléphone portable si l’utilisateur l’y autorise
en appariant l’appareil via Bluetooth ou grâce
à Apple Carplay ou à Android Auto.
Pourquoi cette ardeur à collecter des données ?
La collecte de quelques données est judicieuse,
par exemple pour rappeler au propriétaire qu’il
doit faire réviser sa voiture ou pour l’informer
au sujet de la circulation. Certaines données
peuvent en outre se révéler utiles lors de procédures
pénales. Aux États-Unis, les données
AUTOINSIDE | Janvier 2022
automobiles sont en effet utilisées depuis
longtemps pour élucider des infractions. En
Suisse, ce n’est pas encore le cas, mais les données
des véhicules impliqués dans un accident
peuvent être évaluées après les faits afin de reconstituer
les dernières secondes qui l’ont précédé.
Cette méthode permet souvent d’établir
les responsabilités.
Pour Stefan Brink, un défenseur de la protection
des données, une chose est claire : « L’utilisation
des données est devenue le second
métier des constructeurs. » Les compagnies
d’assurance peuvent, par exemple, se servir
des données pour proposer des primes attrayantes.
Dans le cadre d’un modèle de prime
basé sur les risques, monsieur Dupont, qui
roule beaucoup et à vive allure, qui fait tourner
son moteur à plein régime et qui freine inopinément,
devra s’acquitter d’une prime bien
plus onéreuse que son épouse qui conduit peu
et prudemment.
Nos données automobiles permettent d’obtenir
bien d’autres renseignements à notre propos.
Où aimons-nous aller manger ou faire
nos achats ? Que faisons-nous pendant notre
temps libre ? Où passons-nous nos vacances ?
De telles données permettent de diffuser des
publicités ciblées. Tout utilisateur d’Internet
sait qu’il suffit d’examiner un anorak pour ne
recevoir ensuite plus que des publicités de magasins
qui en vendent. Mais ce n’est pas tout.
Un test mené par Frontal, le magazine de la
ZDF, a montré que Tesla enregistre les images
provenant des caméras embarquées sur le véhicule
malgré ses déclarations contraires.
C’est pourquoi les défenseurs de la protection
des données exigent la transparence depuis
des années. « Il nous faut une réglementation
qui garantisse que les propriétaires de
véhicules disposent de leurs propres données
et qu’ils soient en mesure de décider ou
non de les transmettre à des tiers », demande
Karsten Schulze, d’ADAC. Le temps presse,
car il existe déjà des systèmes d’infodivertissement
qui sont reliés à des services de commande
vocale, tels qu’Alexa d’Amazon ou
Google Assistant, qui stockent sur le cloud
ce que les occupants du véhicule disent. Des
transferts permanents de données sont d’ailleurs
indispensables pour les assistants à
la conduite de plus en plus autonomes dont
le fontionnement dépend de la communication
de la voiture avec son environnement.
Les flux de données ne cesseront donc de se
développer. <
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