AUTOINSIDE Édition 1 – Janvier 2022
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POLITIQUE & DROIT<br />
Bon nombre de vos membres sont également affiliés à l’association<br />
« Mobilité H2 Suisse ». L’hydrogène est-il l’avenir du modèle<br />
d’affaires des stations-service ? Où voyez-vous les plus grands<br />
défis dans ce domaine ?<br />
L’hydrogène fait certainement partie de la solution de demain. Le<br />
défi se situe au niveau des questions plus globales, comme celle de<br />
savoir si nous aurons accès à suffisamment d’hydrogène « vert » issu<br />
d’électricité renouvelable. Et aussi de savoir comment nous gérerons<br />
l’hydrogène issu de l’énergie nucléaire, également neutre en CO 2<br />
. Il<br />
faudra répondre à ces questions, au plus tard lorsque la situation<br />
deviendra tendue sur le front de l’approvisionnement. Si nous n’acceptons<br />
plus que de l’hydrogène vert, cela étouffera sans tarder le<br />
développement de la technologie. Cela dit, l’hydrogène est une technologie<br />
fascinante en soi, même s’il faut encore en régler certains<br />
détails, et que cela prendra du temps. Sincèrement, je suis plus optimiste<br />
pour le secteur des transports que pour celui des voitures de<br />
tourisme, car les fabricants allemands, là, ne jouent pas le jeu. Mais<br />
dans la branche des transports, les progrès devraient être considérables<br />
ces prochaines années. Ma réponse à la question de savoir<br />
combien de stations-service à hydrogène verront le jour et quand<br />
reste donc prudente.<br />
Les carburants biogènes ou synthétiques jouent un rôle important<br />
dans les scénarios d’Avenergy. Cependant, un litre de carburant<br />
synthétique coûte actuellement près de quatre francs. Quelle est<br />
votre solution ?<br />
L’Empa a déjà beaucoup réfléchi à la question, et a publié son avis<br />
il y a un an, dans une brochure d’Avenir Suisse. Les choses peuvent<br />
aller vers le mieux. L’astuce réside, entre autres, dans la possibilité<br />
de mélanger du carburant synthétique à du carburant ordinaire. Ce<br />
qui est fascinant, avec ces « drop-in fuels », c’est non seulement le<br />
mélange du bio et du synthétique, mais aussi le fait qu’il ne faut pas<br />
réinventer l’infrastructure, puisqu’elle existe déjà. Sur cette base,<br />
et avec un horizon de 30 ans, on peut construire et commencer à<br />
remplacer progressivement les six milliards de litres de carburant<br />
qui sont utilisés en Suisse chaque année. De nombreux projets sont<br />
déjà en cours, même si l’on ne peut pas encore réellement parler<br />
de « complément ». Nous ne pouvons pas non plus miser sur le fait<br />
que nous produirons tout cela tout seuls en Suisse. On peut produire<br />
ces carburants synthétiques à l’étranger, où il y a suffisamment<br />
d’énergie renouvelable, puis les importer en Suisse, comme on le fait<br />
aujourd’hui avec les huiles minérales. Par conséquent, je lance cet<br />
appel : ne vous débarrassez pas trop rapidement du moteur à combustion,<br />
car ce serait la plus grande erreur que vous pourriez faire.<br />
« zéro émission » si l’on empoigne les choses par le bon bout. La<br />
nouvelle loi sur le CO 2<br />
n’offrait, à notre avis, aucune solution qui<br />
fasse sens.<br />
La tarification de la mobilité était une thématique importante de<br />
la journée de la branche d’Avenergy Suisse et de routesuisse.<br />
Comment Avenergy Suisse se positionne-t-elle par rapport à cela ?<br />
Nous ne voulons pas d’élément de pilotage. Tous les usagers de la<br />
route devraient, par principe, payer une redevance. Il est également<br />
dans notre intérêt que, sur la durée, celle-ci ne repose pas uniquement<br />
sur les épaules des consommateurs d’huiles minérales, mais<br />
aussi, dans un souci d’équité, sur la mobilité électrique. Il est inacceptable<br />
de promouvoir la mobilité électrique sans se demander<br />
concrètement comment les pertes de l’impôt sur les huiles minérales<br />
seront compensées. Or cela peut aller vite, comme on l’a vu dans le<br />
cadre de la pandémie de coronavirus, où les recettes de cet impôt<br />
se sont réduites de près d’un milliard de francs. C’est tout de même<br />
préoccupant. Et nous ne voulons pas non plus, en aucun cas, d’un<br />
système qui redistribue ensuite l’argent engrangé selon des critères<br />
écologiques. Nous considérons que ce danger est grand, mais cela<br />
ne peut pas être le but de l’exercice. En fin de compte, il s’agit de financer<br />
les infrastructures routières.<br />
Lors de la journée de la branche de votre organisation, le professeur<br />
d’économie Reiner Eichenberger a déclaré que la politique<br />
actuelle des transports est « malade ». Iriez-vous aussi loin que<br />
lui ? Qu’est-ce qui doit changer ?<br />
Il s’agissait de sa conclusion sur la base de ses analyses. Il est certain<br />
que nous devons non seulement préserver l’infrastructure de<br />
transport, mais aussi l’étendre, et partout : à la campagne, dans les<br />
villes et dans les agglomérations. Toutes les associations ayant trait<br />
à la mobilité sont d’accord sur ce point. Penser que la construction<br />
des villes est terminée est totalement irréaliste avec la croissance<br />
que nous connaissons. Je ne dirais pas que la planification des transports<br />
et de l’espace est malade, mais il est définitivement nécessaire<br />
d’agir : tous les automobilistes le constatent. L’étranglement de la<br />
mobilité individuelle dans les villes est effectivement devenu une<br />
situation inacceptable. <<br />
Plus d’infos sur :<br />
avenergy.ch/fr<br />
Vous vous êtes engagé contre la loi sur le CO 2<br />
, que le peuple<br />
suisse a clairement rejetée le 13 juin 2021. À quoi ressemblerait<br />
une loi sur le CO 2<br />
à laquelle Avernergy pourrait s’identifier ?<br />
Pour résumer, cette nouvelle loi était chaotique, et la loi que l’on a<br />
aujourd’hui est largement suffisante. Nous sommes sur le bon chemin,<br />
notamment parce que nous réduisons constamment les émissions<br />
de CO 2<br />
dans les transports. Malgré les débats toujours plus<br />
vigoureux sur le fait que cela n’est pas suffisant, nous sommes assez<br />
sceptiques en ce qui concerne l’objectif de 2050. Nous plaidons,<br />
là aussi, en faveur d’un peu de flexibilité. On pourra s’approcher du<br />
« La nouvelle loi sur le CO 2<br />
était chaotique, et la loi que<br />
l’on a aujourd’hui est largement<br />
suffisante. »<br />
Roland Bilang<br />
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<strong>Janvier</strong> <strong>2022</strong> | <strong>AUTOINSIDE</strong>