AUTOINSIDE Édition 1 – Janvier 2022

FOCUS FOCUS : PROPULSIONS ALTERNATIVES
où les coûts de fabrication (encore) élevés sont moins dérangeants et
largement compensés par le bénéfice en termes d’image.
Impossible de parler des e-carburants sans évoquer la question du degré
d’efficacité modeste et des coûts élevés. Dans les faits, les e-carburants
ont atteint dans l’approche well-to-wheel (de la production à la motorisation)
des degrés d’efficacité entre 15 et 25 %. De plus, Christian Bach
part du principe que les coûts des carburants synthétiques à partir de
la frontière suisse sont aujourd’hui encore huit fois supérieurs aux coûts
des carburants fossiles. Dans un article paru dans « Avenir Spezial », le
magazine thématique du think tank Avenir Suisse, il a montré durant
l’été 2020 que l’on peut s’attendre à ce que ces coûts soient fortement
réduits grâce à des économies d’échelle et à une courbe d’apprentissage
deux à quatre fois plus élevées que celles de l’essence, du diesel et du
gaz naturel. Cela peut encore sembler beaucoup : pourtant, ces coûts
énergétiques plus élevés ne se font que partiellement ressentir sur les
prix à la pompe. Actuellement, les coûts de l’énergie ne représentent
qu’un quart environ des prix à la pompe. Près de la moitié du prix au
litre recoupe les impôts et les taxes, l’autre moitié étant ventilée entre
la distribution, la station-service et la marge.
Les e-carburants synthétiques, actuellement huit fois plus onéreux que
les carburants fossiles, permettraient d’avoir un prix du litre à la pompe
de CHF 3.90 (sans impôt sur les huiles minérales) et de CHF 4.60 (avec
impôt sur les huiles minérales). Jusqu’en 2050, il serait toutefois possible,
par un modèle de redevance simple, de basculer entièrement les
carburants fossiles restants vers les e-carburants renouvelables moyennant
une hausse des prix modérée (de CHF 1.80/l aujourd’hui à CHF
2.40/l, avec impôt sur les huiles minérales d’ici 2050).
Dans le cadre de la recherche, les résultats sont vérifiés en permanence.
Les calculs effectués par Christian Bach en 2020 n’échappent pas à la
règle : « Pour calculer les coûts à l’époque, nous avions opté pour une
approche prudente, aussi parce qu’il y a deux ans, il n’y avait pas vraiment
d’installations pilotes. » Plusieurs installations de démonstration
fonctionnent aujourd’hui, partout dans le monde. « Et il s’avère que les
coûts réels peuvent être inférieurs », constate le chercheur de l’Empa.
Ainsi, l’énergie solaire est maintenant devenue la plus avantageuse, quasiment
partout dans le monde. Dans le désert d’Arabie Saoudite, elle
est produite pour 0,09 centime d’euro par kilowattheures (kWh) et au
Portugal pour 1,2 centime d’euro, soit quatre à cinq fois moins cher
qu’en Suisse. Tandis qu’ici, une installation de photovoltaïque arrive à
près de 1000 heures de pleine charge, cette valeur passe de 2000 à 3000
heures dans une région désertique. C. Bach : « Et si dans la région désertique,
on peut associer cela à l’énergie éolienne, l’intérêt est encore
plus grand. »
Revenons au Chili qui offre des conditions climatiques parfaites pour
l’énergie éolienne. Ce pays s’est fixé des objectifs ambitieux dans le
cadre de sa stratégie nationale en matière d’hydrogène vert : d’ici 2025,
il est prévu d’y implanter un électrolyseur d’une capacité de 5 gigawatts,
qui doit passer à 25 GW d’ici 2030. Le Chili veut ainsi produire l’hydrogène
vert le moins cher du monde et devenir un leader dans l’exportation
d’hydrogène vert et de ses dérivés comme les e-carburants. Christian
Bach, chercheur à l’Empa : « Le potentiel est énorme. »
Les carburants synthétiques sont très avantageux du point de vue de la
politique climatique : ils impactent non seulement les véhicules neufs,
mais aussi l’ensemble du parc automobile, dans le monde entier. Cela
permet de réduire continuellement la teneur en CO 2
dans le système
de carburant, exactement comme c’est actuellement le cas pour l’électricité.
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Énergie éolienne en Patagonie : Porsche entend produire dès cette année 130 000 litres de carburant synthétique dans une installation pilote. Photo : Porsche
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