Point de mire: Système Les enfants évoluent dans des environnements et des systèmes sociaux variés tels que la famille nucléaire, la crèche, l’école et les clubs de loisirs, soumis chacun à des règles différentes qui demandent une grande capacité d’adaptation de la part des enfants. Curieux et avides de connaissances, les enfants aiment explorer et s’amuser. Le potentiel de développement psychomoteur et linguistique est propre à chacun d’entre eux. Les défis renforcent la maîtrise de soi La satisfaction des besoins fondamentaux de l’enfant et un soutien adapté sont à la base d’un développement biopsychosocial sain. Les nourrissons dépendent de personnes de référence fiables et affectueuses qui soutiennent leur autorégulation. Au départ, celle-ci est guidée par des normes externes. Au cours de leur développement, les enfants apprennent à gérer de plus en plus leur capacité d’autorégulation de manière interne, et peuvent ainsi supporter un degré sain d’imprévisibilité. Ils découvrent qu’ils peuvent s’adapter à différentes circonstances et situations et s’autoréguler efficacement au sein de divers systèmes sociaux. L’expérience de défis relevés avec succès renforce la maîtrise personnelle de l’enfant. Le stress négatif, potentiel déclencheur de maladies Pour les enfants en bas âge et les écoliers, c’est d’abord le système familial qui prime. Vient ensuite l’influence de l’école, d’autres systèmes et des pairs qui se fait plus forte. Si le stress négatif se manifeste dans un ou plusieurs systèmes, des maladies biopsychosociales telles que des douleurs abdominales fonctionnelles ou des troubles du sommeil sont susceptibles d’apparaître. Les facteurs de stress potentiels peuvent être des conflits entre les parents, la pression des examens, une expérience de perte, etc. Plus l’enfant est surmené, plus sa capacité d’autorégulation diminue. Les enfants concernés ne sont plus capables de développer des stratégies d’adaptation adéquates. Ils se plaignent de douleurs récurrentes ou de difficultés d’endormissement. Et le fait de se concentrer uniquement sur les aspects négatifs empêche d’apprécier ce qui va bien et le recours aux ressources personnelles. Cela conduit parfois à de véritables états de transe. Si la souffrance est trop importante, les enfants et les parents ont souvent tendance à s’adresser en priorité aux pédiatres, car il existe avec eux une relation de confiance de longue date. Ils s’attendent alors à un soutien accessible, non psychiatrique et rapide. Les maladies biopsychosociales nécessitent une autre approche que les maladies somatiques aiguës. Les médecins spécialistes doivent en premier lieu identifier les facteurs de stress et comprendre comment ceux-ci induisent et entretiennent des schémas dysfonctionnels avec une capacité d’autorégulation limitée. Difficultés de lecture inexplicables Dans ces circonstances, une approche hypnosystémique est préconisée. Celle-ci associe l’hypnose ericksonienne à des approches thérapeutiques systémiques. Cette méthode analyse les processus d’auto-organisation systémiques et provoque un changement de perspective, du problème à la redécouverte des ressources existantes. Ces ressources sont utilisées dans la transe thérapeutique à travers la visualisation positive. Les enfants sont les champions de l’imagination. Ils donnent naissance à des univers de jeu fantastiques dans lesquels ils expérimentent des états de transe naturels. L’imagination donne des ailes, mais elle ravive parfois aussi des souvenirs d’expériences effrayantes. Elle peut renforcer les peurs des enfants jusqu’à les rendre incontrôlables. Ni les enfants ni les parents ne comprennent alors ce qui se passe. Le cas de Mindy (prénom d’emprunt), 10 ans, en est un exemple: elle a commencé à se plaindre soudainement d’une vision floue et d’une diplopie, rendant la lecture difficile. Après avoir exclu la présence éventuelle d’une tumeur, l’examen ophtalmologique a révélé une hypermétropie avec astigmatisme et une exophorie de près. Mindy a eu beau tester différentes lunettes pendant neuf mois, ses compétences en lecture ne se sont pas améliorées. Malgré ces restrictions, elle est parvenue à atteindre ses objectifs scolaires. Fait intéressant toutefois: Mindy était capable de lire les petits caractères d’une règle du jeu sans aucune difficulté. Un deuxième avis médical n’a rien révélé de nouveau, laissant Mindy et ses parents désespérés et sans perspectives d’amélioration. Quand les plaintes somatiques sont un appel à l’aide La clé pour comprendre une histoire aussi insolite est de partir de l’idée que le problème présenté est une tentative de résoudre un défi insoluble. Le médecin a rassuré Mindy en lui expliquant qu’il y avait certainement de bonnes raisons à ses difficultés de lecture et l’a valorisée en soulignant son intelligence. Mindy a hoché la tête à l’évocation des «bonnes raisons». Lorsque le médecin a fait remarquer que toute situation difficile avait aussi ses avantages, Mindy a répondu qu’elle se sentait en sécurité lorsque la maîtresse était assise à côté d’elle et lisait des textes à haute voix. Il était donc clair que les peurs avaient contribué à instaurer et entretenir des méthodes défavorables pour tenter de résoudre les difficultés de lecture. Une menace de mort proférée par une camarade dans le chat de la classe, une dépression parentale et le TDAH sévère de son frère avaient été les éléments déclencheurs de son anxiété. Boisson de superhéroïne et lutin farceur Mindy et ses parents ont été invités à former une équipe pour tenter de régler le problème ensemble. Les parents se sont chargés de contacter l’enseignante et l’assistante sociale scolaire. Des règles de communication et de comportement contraignantes vis-àvis de la camarade de classe ont ainsi pu être établies. Par la suite, Mindy s’est sentie à nouveau en sécurité à l’école. De leur côté, les parents et le frère ont demandé une aide thérapeutique. Mindy s’est fixé pour objectif de lire seule. Pour y parvenir, la stratégie des «petits pas» a été adoptée, comprenant une psychoéducation adaptée aux besoins de l’enfant et plusieurs séquences de transe. Mindy s’est visualisée dans un bel endroit, en train de préparer sa boisson de superhéroïne avant de la boire pour se donner du courage. Elle a ensuite rencontré un lutin farceur et impertinent, qu’elle a remis à sa place. En faisant preuve d’une grande maîtrise de soi, elle a mis de l’ordre dans son organisation intérieure chaotique et dans ses souvenirs. Elle a été confortée dans sa démarche par des suggestions répétées de renforcement du Moi. La combinaison des stratégies choisies a provoqué un véritable déclic, car elle a permis à Mindy et sa famille de prendre conscience de leurs ressources respectives. Mindy a ainsi retrouvé une vision normale. Pour que les méthodes hypnosystémiques imaginatives soient efficaces, il faut disposer de connaissances en pédiatrie et psychologie du développement afin d’évaluer les questions présentées dans le contexte du développement de l’enfant. Il est alors possible de définir avec l’enfant des objectifs adaptés à son développement et de concevoir la structure et le déroulement des interventions hypnosystémiques imaginatives de manière adéquate. <strong>No</strong>us recommandons aux lecteurs qui souhaitent en savoir plus sur la méthode systémique imaginative de se renseigner sur le CAS correspondant proposé par l’Université de Bâle: www.wb-kjp.unibas.ch/studiengaenge/cas-isi/ 32 2/24 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Point de mire: Système A la fin du XIXe siècle, les eaux usées et les déchets sont déversés directement dans les cours d’eau. Sur la photo: la Birsig à Bâle vers 1880 A la base de notre santé Depuis plus de 100 ans, l’assainissement urbain en Suisse veille à garantir de bonnes conditions d’hygiène dans nos agglomérations et nos maisons. Il est ainsi fondamental pour notre santé et notre réussite économique. Le système d’évacuation des eaux usées en est l’un des piliers. Stefan Hasler et Paul Sicher, Association suisse des professionnels de la protection des eaux (VSA) Photos: VSA vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 2/24 33