Point de mire: Système L’élevage comme source de l’inégalité sociale Argent, éducation, influence: les ressources de notre système social sont réparties de manière inégale. Comment et pourquoi les structures existantes se sont-elles développées? Un aperçu. Jörg Rössel, professeur de sociologie, Université de Zurich L’appartenance à une classe n’est pas fixe: plus de la moitié des personnes dans des pays comme la Suisse appartiennent à une classe différente de celle de leurs parents. 36 2/24 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Point de mire: Système Les questions relatives aux inégalités sociales, à l’exploitation et à la discrimination revêtent une grande importance dans le discours public contemporain. Mais que savons-nous réellement de ces thématiques dans les sciences sociales? Cet article tente de donner un aperçu systématique des développements, des structures et des explications fondamentaux de l’inégalité sociale. En d’autres termes, la répartition déterminée par des facteurs sociaux de ressources valorisées au sein de la population [1]. Comme nous le verrons dans la suite du texte, l’inégalité sociale est un phénomène multiforme qui ne se laisse pas facilement réduire à un dénominateur commun et qui, en outre, ne cesse d’évoluer sous l’effet de l’action humaine. C’est la raison pour laquelle les sociologues tentent certes de décrire et d’analyser systématiquement les inégalités sociales, mais hésitent généralement à les qualifier de système stable. La fortune grâce à l’agriculture et à l’élevage L’Homo sapiens a passé la majeure partie de son histoire dans des sociétés de chasseurs-cueilleurs relativement égalitaires. Avec le passage à l’horticulture, l’agriculture et l’élevage, il est devenu possible d’accumuler des richesses et de les transmettre aux générations suivantes, ce qui a conduit à une augmentation des inégalités [2, 3, 4]. Les plus grandes inégalités sont celles observées dans les sociétés agricoles à la veille de l’industrialisation. Avec l’apogée de cette dernière, les inégalités ont commencé à reculer, avant d’augmenter à nouveau depuis les années 1970 dans de nombreux pays, à l’exception de la Suisse. L’industrialisation comme moteur Si l’on considère les inégalités entre les différents Etats dans le monde, celles-ci ont explosé depuis le début du XIX e siècle en raison des différents progrès de l’industrialisation, surtout entre le <strong>No</strong>rd global et le Sud global. Depuis les années 1970, l’industrialisation de rattrapage, surtout dans les pays d’Asie de l’Est et du Sud, a contribué à diminuer les inégalités entre les Etats et à réduire drastiquement la pauvreté dans le Sud global [5]. Le Bangladesh en est un exemple. Dans ce pays, le développement de l’industrie textile a entraîné une réduction de moitié du taux de pauvreté entre 2000 et 2016 – malgré des conditions de travail que nous jugeons désastreuses. Annonce Structures des inégalités sociales Toutes les sociétés humaines sont structurées autour de hiérarchies sociales, mais elles n’ont généralement qu’un caractère circonstanciel: X est la meilleure chasseuse du jour, par exemple. Ce n’est qu’avec la possibilité d’accumuler et d’hériter des ressources qu’apparaissent des hiérarchies stables, fondées sur des critères socioéconomiques, qui représentent le «haut» et le «bas» des sociétés. En sociologie, on parle ici de classes sociales, caractérisées par le type de ressources dont disposent les individus, telles que le capital économique, le capital culturel et la profession. En outre, on peut également constater des inégalités entre les sexes ou les groupes ethniques (en anglais, on parle souvent de class, gender and race). L’appartenance à une classe n’est pas visible La dimension verticale du «haut» et du «bas», conditionnée par l’appartenance à des classes sociales, représente toutefois de loin la plus grande partie des inégalités sociales dans des pays comme la Suisse [1]. Néanmoins, la visibilité et la prégnance de la structure de classe dans les sociétés contemporaines sont moins importantes que l’on ne pourrait s’y attendre. En effet, premièrement, si nous avons tous une idée Photo: Adobe Stock Transmettre une éducation plutôt qu’un patrimoine Quelles sont les causes de cette évolution? D’une part, l’industrialisation a augmenté les possibilités de mobilisation politique des classes ouvrières et moyennes. D’autre part, l’héritage intergénérationnel s’effectue de moins en moins par la transmission d’un capital économique, mais par la transmission d’une éducation [4], ce qui a conduit à une réduction des inégalités. Toutefois, la mondialisation économique qui s’accélère depuis les années 1970 a de nouveau fait basculer le pendule vers une augmentation des inégalités [5]. Mais cela ne vaut que pour les inégalités à l’intérieur des pays. <strong>No</strong>us pouvons proposer de bons services aux médecins, parce que nous les comprenons bien. En tant que membre de mediservice <strong>asmac</strong>, vous appartenez à un groupe privilégié: vous avez un accès exclusif à un portail de l’emploi en ligne et sur un agenda en ligne avec des offres de séminaires. En tant que médecin en formation, vous avez par ailleurs la possibilité de participer à des congrès de carrière de très haut niveau. www.mediservice-<strong>asmac</strong>.ch vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 2/24 37